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LE BILLET DE JEAN-FRANÇOIS BALMARY, DIACRE


12-05-2020

Éternité

Le pape Léon XIII (pape de 1878 à 1903) fêtait un jour son anniversaire, porté au milieu de la foule de la Place Saint-Pierre sur la sedia gestatoria, l’ancêtre portatif de la papamobile. Au milieu des acclamations, le Saint-Père entendit soudain deux romaines lui lancer « Puissiez-vous vivre cent ans ! ». Léon XIII se leva d’un bond et répliqua « Mes filles, pourquoi limiter les bontés de la Providence ? ».

C’est vrai, pourquoi cent ans seulement... il y a en effet bien mieux dans la Bible : Moïse 120 ans (Deutéronome 34, 7), Abraham 175 ans (Genèse 25, 7), Noé 950 ans (Genèse 9, 29) et que dire de Mathusalem aves ses 969 ans (Genèse 5, 27) dont le nom est devenu synonyme de longévité « vieux comme Mathusalem »… Petites joueuses alors, ou bien ces chaleureuses fidèles étaient-elles de vraies biblistes et avaient-elles peut-être en tête les paroles du psalmiste « Le temps de nos années, quelque soixante-dix ans, quatre-vingts, pour les plus vigoureux » (Psaume 89, 10) ? De 80 à 100 ans, 20 ans donc qu’elles laissaient peut-être ainsi généreusement comme marge de progression au Souverain pontife !

La question du temps qui passe, voilà un débat vraiment terrestre, compréhensible et légitime. Mais pourquoi en fait nous limiter à un temps tel que nous le concevons, Pierre ne nous a-t-il pas dit, dans sa deuxième épître, que pour le Seigneur « un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un seul jour » (2 Pierre 3, 8) ? Voilà qui change radicalement notre approche de la question.

Et puis surtout, le Christ n’est-il pas venu nous sauver et nous appeler à l’éternité ? Dieu est éternel, et il a mis au coeur de l'homme la pensée de l'éternité (Ec 3.11). « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt » (Jean 11, 25).

Alors les yeux fixés sur Jésus-Christ, préparons-nous paisiblement, en confiance, à vivre un amour éternel et « Veillons, car nous ne savons ni le jour ni l’heure »  (Matthieu 24, 36).


11-05-2020

11 mai
Inquiétude et espérance

Le 11 mai 1865, un grand magasin sur les Grands Boulevards à Paris ouvrait ses portes, un moment important de la capitale ! 155 années plus tard, de nombreuses autres portes vont à nouveau s’ouvrir, à Paris et dans toute la France ! Autre temps, autre événement : c’est le temps du déconfinement qui débute avec tous ses espoirs, ses projets, cette liberté de mouvement qui réapparaît, au printemps.

Mais on sait que le fléau que nous subissons ne s’est pas encore éteint et se posent  aujourd’hui de multiples questions sur la manière de vivre désormais avec ce virus. Une inquiétude légitime, sourde, traverse notre esprit ; il est vrai que tant de familles ont été meurtries et portent aujourd’hui des cicatrices qui ne s’effaceront pas de sitôt.

De tout temps, l’inquiétude a étreint le cœur de l’homme, rappelons-nous le roi David « Jusques à quand me remplirai-je l’âme d’angoisse, et le chagrin rongera-t-il mon cœur jour et nuit ? » (Psaume 13, 3). Alors, c’est Pierre qui nous invite à nous tourner vers le Seigneur « Rejetez sur lui toute votre inquiétude, parce qu’il se soucie de vous » (1 Pierre 5:7), c’est Paul qui ajoute « Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance » (Philippiens 4, 6), c’est Matthieu qui rapporte les propos de Jésus « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine » (Mt 6, 34).

De l’inquiétude à l’espérance, il y a un pas qui peut paraître irréalisable lorsque l’on est dans la peine, le désarroi ou l’interrogation. Mais c’est pourtant bien là, dans l’Espérance, qu’est le bon chemin, celui de l’Évangile. Nous avons un doute, reprenons ce que Paul nous a dit d’Abraham « Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi le père d’un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit : telle sera ta postérité » (Romains 4, 18).

Oui, « L’inquiétude dans le cœur de l’homme l’accable, mais une bonne parole le réjouit » (Proverbes 12:25). Alors, au cœur de nos nuits terrestres, laissons-nous imprégner de la Bonne Nouvelle et attendons avec confiance l’aurore pour nous réjouir : le Seigneur nous attend qui nous dira, le jour venu, « Vois, j’ai gravé ton nom sur mes paumes ! ». 


10-05-2020

Ivresse

Au cours d’une messe, un curé prend pour thème de son homélie la tentation et le péché. Sujets sensibles s’il en est !

Une jeune femme arrive à la messe après l’homélie et demande à sa voisine :

« De quoi a parlé le curé aujourd’hui ?

— Du péché.

— Et alors ?

— Il est contre ! »

Récemment pour illustrer la tentation, surtout dans ce temps de confinement, un autre prêtre évoque le bon petit verre de whisky quotidien « qui ne fera pas de mal ! » D’ailleurs, l’alcool est loin d’être absent de la Bible. Au-delà de Noé, et de son comportement rocambolesque, n’y a-t-il pas les noces de Cana, les recommandations de Paul à son disciple Timothée « Cesse de boire uniquement de l'eau, mais prends un peu de vin pour faciliter ta digestion, puisque tu es souvent malade » (1 Timothée 5,23), de l’Ecclésiaste « va boire ton vin dans la gaieté » (Ec 9, 7), du psaume 104 selon lequel Dieu donne « le vin qui réjouit le cœur de l'homme » (Ps 104, 15 ), d’Isaïe qui lance cet appel « Venez, achetez du vin et du lait. » (Is 55, 1)

Mais, on l’aura compris, c’est seulement l’excès qui crée un désordre et cause le péché en nous…heureusement pour nos viticulteurs dont la situation actuelle est problématique ! D’ailleurs, Jésus a bien mis en garde ses disciples : « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire » (Luc 21 :34).

Mais il y a une ivresse à laquelle on peut s’adonner sans mesure, c’est celle de la confiance en Dieu « Tous ceux qui se confient en toi se réjouiront, ils chanteront de joie  toujours, et tu les protègeras » (Ps 5,12).

Alors, sans compter, buvons en confiance de cette Espérance que le Christ est venu nous offrir !


09-05-2020

Retrait

Dans cette crise multiforme que nous traversons aujourd’hui, certains salariés exercent ce que l’on appelle leur « droit de retrait », c’est-à-dire le droit de se retirer d'une situation de travail en cas de danger.

De fait aujourd’hui, avec ce virus par définition invisible, le danger est bien présent, partout. Est-il aussi présent dans notre foi ? Alors s’il n’existe pas sous la forme du Covid 19, ce virus se masque cependant sous bien d’autres formes dont les conséquences peuvent être aussi douloureuses : désespoir, impatience, peur, colère, doute, incrédulité, découragement… Il a entre autres pour nom « Diviseur » et il peut alors arriver que la tentation nous « titille » d’exercer notre « droit de retrait » vis-à-vis de notre Créateur… notre faiblesse humaine…

Le Seigneur nous a en effet créés libres et c’est à nous qu’il revient d’effectuer les choix que nous souhaitons pour notre existence. Mais si un jour, une certaine « distanciation sociale » s’installe entre le ciel et nous, si notre âme se laisse aller à effectuer quelques « gestes barrières » qui sont tout sauf ici protecteurs, nous écartent du Christ, nous pouvons cependant être bien certains que Celui-ci restera toujours à l’écoute, toujours en éveil, pour accueillir celui ou celle qui, un jour, à une certaine heure, se tournera à nouveau vers Lui.

Dans ces moments de tempête, comptons alors sur l’Esprit-Saint pour favoriser ce retour au dialogue. Celui-ci n’exerce jamais son « droit de retrait », véritable réservoir d’amour il n’a pas été conçu ainsi, et St Paul nous rappelle qu’avec l’amour ses fruits sont « joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Ga 5, 22-23). L’Esprit-Saint, nous l’avons reçu au baptême et en plénitude à la confirmation, il est donc là en permanence : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Cor 3, 16).

Heureux sommes-nous, le Seigneur est constamment avec nous  « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20) !


08-05-2020

Phares

Il est des lieux où, par vocation, le confinement était la règle : Cordouan, « le roi des phares, le phare des rois », le plus ancien des phares français en activité, situé dans l’estuaire de la Gironde, La Jument, à l’entrée des violents courants du Fromveur aux abords de l’île d’Ouessant, Ar-men, à l’extrémité de la chaussée de Sein, La Vieille, au passage du Raz de Sein, Kéréon, entre les îles de Molène et d’Ouessant… autant de phares aux noms familiers pour les marins. Leurs gardiens ont aujourd’hui quitté ces veilleurs, le progrès est peut-être passé par là, mais une bonne dose de poésie s’en est allée aussi. En fermant les yeux, il me revient ce chant :

« Veilleurs, bénissez Dieu dans la nuit,
Il nous donne sa paix.
Veilleurs, bénissez Dieu,
Élevez les mains,
Dans la nuit, bénissez sans fin.

Gardez vos lampes,
Allumées pour le retour de Dieu,
Notre Maître ».

Au coucher du soleil, voilà qu’au sommet de ces vigies dressées vers le ciel, pleines de puissance et de majesté, s’allument les lanternes qui prennent leur tour de veille afin de guider ceux qui sont en mer. Elles assument pleinement leur mission.

Et nous, dans cette nuit qui nous entoure avec cette crise sanitaire, quelle mission est la nôtre, quelle veille est la nôtre ? Savons-nous garder nos lampes allumées, prenons-nous la peine d’élever les mains vers l’Éternel, bénissons-nous le Seigneur ? Les Écritures, les prophètes, notre Église, tout nous invite pourtant à nous concentrer sur l’essentiel, la vie éternelle auprès du Seigneur.

Les vents que nous apporte la tempête d’aujourd’hui ne risquent-ils pas, si nous n’y prenons pas garde, de balayer nos forces et de mettre à nu nos fragilités au risque de ne pouvoir éviter les récifs que l’on devine dans l’obscurité ?

Alors, comme les marins ont les yeux fixés sur ces phares pour les sauver du naufrage puissions-nous, nous aussi, garder les yeux fixés sur le Christ, seule lanterne en mesure de trouer nos obscurités et nous sauver !


07-05-2020

Aujourd’hui ou demain ?

L’histoire rapporte que Jean Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826), avocat et magistrat de profession, gastronome et auteur culinaire français bien connu, avait une sœur qui, alors qu’elle venait d’atteindre l’âge vénérable de 99 ans et 11 mois, se sentit au plus mal vers l’heure de midi, au beau milieu de son repas. Elle appela alors sa femme de chambre et lui dit « ma bonne amie, je crois bien que je vais passer pour tout de bon. Apportez vite le dessert ! ».

Une belle présence d’esprit… et peut-être aussi un peu de gourmandise, allez savoir… qui n’est pas sans être matière à réflexion pour nous, sur notre relation au temps.

On ne le sait que trop, la vie se charge de nous exposer à des prises de décisions quotidiennes, grandes ou petites. L’expérience démontre que dans certains cas, il est bon de savoir attendre, de ne pas bousculer une décision qui mérite d’être mûrie ; de fait, on se reproche parfois d’avoir été un peu trop rapide ! D’ailleurs, le Livre des Proverbes nous le dit bien « Les projets de l’homme diligent ne sont que profit ; pour qui se presse, rien que la disette » Aujourd’hui ou demain ? (Proverbes 21, 5). Mais ces mêmes Proverbes nous disent aussi “Ne te vante pas du lendemain, Car tu ne sais pas ce qu'un jour peut enfanter” (Proverbes 27.1).

Alors quel choix effectuer, attendre ou saisir ? C’est là qu’intervient le fameux discernement que le psalmiste nous rappelle « Fais-moi discerner le chemin de tes préceptes et je méditerai tes merveilles » (Ps 119, 27). Si pour nos affaires terrestres, l’hésitation peut tout à fait exister, peser le pour et le contre, en revanche pour le Seigneur est-il sage d’attendre alors que nous savons qu’un amour total nous est offert ! St Paul, dans sa lettre aux Hébreux nous le dit puissamment « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Hébreux 3, 7-8).

N’attendons pas pour nous tourner vers le Seigneur car c’est bien auprès de Lui que se trouvent la paix et la joie… oui, surtout n’hésitons pas à prendre le dessert, tout de suite !


06-05-2020

Ascenseur pour le ciel

On sait que le pape Jean XXIII ne manquait pas d’humour. On rapporte ainsi qu’il avait un jour convié une personnalité à déjeuner au Vatican. Afin d’accéder aux appartements pontificaux, le Saint-Père et son hôte devaient emprunter un ascenseur qui n’était pas de la première jeunesse, celui-ci en effet brinquebalait de gauche et de droite avec des bruits inquiétants. Voyant la mine effrayée de son invité, le pape lui dit « vous voyez, cet ascenseur a au moins une vertu, celle d’inciter à la prière ! ».

La prière, une porte vers le ciel c’est certain, et si Benoît XVI nous a dit qu’« il est autant de chemins vers Dieu que d’hommes », n’est-ce pas en définitive tout simplement l’acceptation de l’amour que le Seigneur est venu nous offrir qui nous ouvrira les bras de Dieu.

Pour nous aider à cet abandon et nous montrer le chemin, le témoignage des saints, avec leurs forces et leurs faiblesses, nous est précieux. C’est Sainte Thérèse de Lisieux qui, avec sa lucidité et sa simplicité étonnantes, disait « Moi je voudrais trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection ».

Si pour tous les saints, comme pour nous tous, le péché a alourdi leur route, au bout du compte la quête de ce Dieu d’amour a été la plus forte. À la question « qu’est-ce qu’un saint ?  », un enfant a joliment répondu un jour « c’est quelqu’un qui laisse passer la lumière ».

Alors si nous essayons, à notre tour, de laisser passer la lumière à travers nos propres failles, peut-être que le chemin du ciel s’ouvrira pour nous et que nous entendrons quelqu’un nous dire comme ce fut le cas pour le jeune Antoine le 11 février 1818, dans la Dombe, « tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ».


05-05-2020

Solitude

Cette crise sanitaire pose déjà des questions de tous ordres, saurons-nous y répondre avec justesse lorsque sera venu le jour des choix ? On a constaté, depuis des dizaines d’années, que l’homme court vers un objectif qui ne semble plus commun. Faute de repères clairs, la réussite personnelle, générant une solitude qui ne dit pas son nom, est devenue une finalité vers laquelle tend bien souvent l’homme de ce siècle. À l’évidence, malgré des efforts méritoires ici et là, nous n’avons sûrement pas su proposer une autre alternative attractive !

Or on le redécouvre peut-être aujourd’hui, l’homme n’est pas fait pour vivre isolé, le confinement nous le rappelle à longueur de journée. Si la solitude est parfois utile, voire même parfois nécessaire pour prendre du recul, discerner, prier, un isolement durable est, on le sait bien, difficilement tenable.

Qu’il est beau et bon de vivre ensemble ! C’est ce que nous disent le psaume 133 « Qu’il est bon et qu’il est doux d’être frères ensemble » et les Actes des Apôtres (Ac 2, 46) qui nous décrivent la vie des premiers chrétiens « Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur ».

Le bonheur, cette quête de l’homme aujourd’hui comme hier, se trouve bien, et l’expérience le démontre au quotidien, dans le partage, le don, l’écoute... Les périodes d’ermitage, de solitude, de la vie franciscaine servent à se rapprocher de Dieu et aussi à être à l’écoute de l’autre.

Alors, que notre temps de solitude actuel nous aide à nous rapprocher des autres, il sera c’est certain un pas de plus vers le Seigneur « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).


04-05-2020

Éclaircie… un nouveau cycle ?

« Veilleur où en est la nuit ? » entend-on dans le Livre d’Isaïe (Isaïe 21, 11). Dans les situations inquiétantes, dans la nuit comme celle que nous vivons aujourd’hui, on guette le moindre espoir de lumière.

Alors, on peut ne pas être fan de sport mais tout de même la nouvelle qui a été annoncée sur le départ du Tour de France cycliste fixé au 29 août prochain est, dans le contexte violent de crise sanitaire, un événement. À plusieurs titres.

Tout d’abord pour tous ceux (plus de 10 millions au bord des routes) qui suivent avec passion chaque année la progression du peloton à travers les magnifiques paysages de notre France, le fait que cette épreuve, plus grande compétition sportive gratuite au monde, n’ait pas été annulée mais simplement reportée, est en lui-même une première éclaircie.

La seconde éclaircie, c’est que selon toute vraisemblance, nos autorités considèrent qu’à cette époque la situation sanitaire devrait s’être nettement  améliorée et les risques ainsi plus limités qu’aujourd’hui.

La troisième éclaircie, qui devrait être pour nous chrétiens une certitude et une valeur de vie, c’est que l’espérance l’emporte bien sur le doute et l’inquiétude. St Paul le dit dans sa lettre aux Philippiens : « Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. » (Philippiens 4,6)

Il y aura sûrement de nouveaux moments difficiles à traverser dans cette crise, mais voici qu’à nouveau les projets renaissent, un rai de lumière surgit dans la grisaille des jours. Cependant, si l’homme s’est vu confier le soin de développer la création, n’oublions pas de « recommander nos œuvres à l’Éternel, et nos projets se réaliseront. » (Proverbes 16, 3).

Alors bénissons le Seigneur… et en selle !


03-05-2020

Couleurs

À l’approche du déconfinement, notre France vient en quelque sorte d’être retapissée de rouge et de vert, couleurs auxquelles il faut ajouter un zeste d’orange susceptible, un jour, de tendre vers le rouge ou le vert. Dans chaque département, chacun guette avec inquiétude, comme sur les passages piétons, ce basculement du rouge au vert ou inversement. Il est vrai que depuis le 17 mars, les murs de l’appartement se sont révélés, pour beaucoup, être l’unique horizon et on comprend l’impatience qui se fait jour de pouvoir enfin le repousser, plus loin.

L’épidémie que nous traversons nous a peut-être fait perdre une partie de nos repères, comme celui du temps. Mais nous voici à présent bien au mois de mai, le mois de Marie.

On se rappelle que le roi Louis XIII avait consacré en 1638 « sa personne, son État, sa couronne et ses sujets » à la Vierge Marie. Or depuis des siècles, celle-ci est en règle générale représentée vêtue de blanc et de bleu, c’est d’ailleurs bien ce qu’a rapporté la petite Bernadette à Lourdes lors des apparitions de 1858 à la grotte de Massabielle « Je levai la tête en regardant la grotte. Je vis une dame habillée de blanc : elle avait une robe blanche et une ceinture bleue… »

Alors si nous confions notre pays, nos familles, nos amis à la Vierge Marie, peut-être que tous nos départements vireront du rouge, vert, orange…au bleu ! Le bleu qui nous attire vers l’infini du ciel et cet amour indicible qui nous y attend.

Regarde l'étoile,
Invoque Marie,
Si tu la suis, tu ne crains rien.
Regarde l'étoile,
Invoque Marie,
Elle te conduit sur le chemin.


02-05-2020

Sortie

Voilà, nos autorités viennent de rendre public leur plan de déconfinement. S’il apparaît complexe, c’est que la situation l’est particulièrement ; on mesure, dans des cas comme celui-là, le poids des décisions à prendre… répondre au mieux à l’intérêt général. Alors, comme en matière de football où il y a autant de sélectionneurs que de supporters de l’Équipe de France, ici chacun exprime son opinion, au risque parfois de rendre inaudibles certains propos pleins de bon sens !

Nous allons donc sortir en ordre dispersé, non pas comme ces « irréductibles gaulois dont le village a résisté à l’envahisseur », mais selon un processus qui sera fonction de l’évolution de la situation sanitaire dans les prochains jours et semaines sur chaque territoire.

Qu’en est-il de notre foi ? On peut bien sûr comprendre le souci, légitime, de nos responsables d’éviter une deuxième vague de contamination. Mais en même temps, on peut regretter qu’un dialogue constructif entre l’Église et l’Exécutif n’ait pu permettre de trouver un terrain d’entente qui aurait autorisé, dans le plus strict respect des consignes sanitaires, la reprise de célébrations à compter du 11 mai ! On relèvera en effet que les médiathèques, les bibliothèques, les petits musées ouvriront bien leurs portes, eux, le 11 mai. Quelle place aujourd’hui est laissée à la nourriture spirituelle ?

Et puis, notre foi nous rappelle que, dans la Bible, les sorties on connaît : c’est la sortie de l’Arche (Genèse 8, 15-22) « Dieu parla à Noé et lui dit : sors de l’arche, toi et, avec toi, ta femme, tes fils et les femmes de tes fils… et tous les animaux  »…c’est l'épisode de la sortie d'Égypte des Hébreux qui constitue le point de départ de l'histoire du peuple d'Israël, c’est le retour de Babylone au psaume 125 « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie… ».

Il reste à souhaiter que cette épidémie, grâce aux efforts gigantesques déployés ici et là à travers le monde, ait la bonne idée de s’éteindre au plus tôt ; nous avons tous une responsabilité face à elle, à chacun de la déterminer. Si l’on est un peu déboussolé, voici la prière de Thomas Merton (1915-1968), moine cistercien-trappiste américain à l’Abbaye de Gethsémani (Kentucky) « Seigneur mon Dieu, je ne sais pas où je vais et je Te ferai donc toujours confiance » 


01-05-2020

Fatigués

Aujourd’hui, on le voit bien, notre monde est fatigué ! Il a couru depuis des décennies sans trop savoir d’ailleurs où il allait, mais tout le monde courait, alors on a couru comme les autres ! Mais voilà que la terre est en train de s’arrêter, non de tourner heureusement, par la faute d’un seul virus et nous voici face à nous-mêmes !

La fatigue tombe lourdement sur les épaules. Celle des personnels de santé qui font des merveilles, jour et nuit, sans désemparer, une fatigue, tant physique que psychologique, qui se lit sur leur visage, celle ensuite de tous ceux qui assurent avec courage les services publics et les commerces essentiels, enfin la nôtre, celle des confinés, qui respectons légitimement, les consignes de nos autorités. On imagine la fatigue des parents qui doivent, sans inquiéter, apprendre à leurs enfants à vivre cette période hors-norme ; les journées doivent être longues et on comprend la fatigue qui s’installe.

Et nous chrétiens, sommes-nous fatigués de croire ? Avant le début de l’épidémie, on aurait pu le penser : toutes ces questions sur l’Église, avec ses manquements humains et ses limites, les commentaires pas toujours bienveillants sur nos pasteurs, le Saint Père compris malheureusement, les interrogations sur Jésus, les doutes sur la Résurrection…on sentait bien une forme de lassitude. Mais aujourd’hui, l’absence de messe, de sacrement, de vie d’Eglise en fait, nous fait-elle peut-être prendre conscience de la « chance » que nous avons de vivre la Bonne Nouvelle en Église. L’Évangile, avec son exigence certes, mais surtout l’amour qu’il révèle, est bien la source du bonheur éternel.

Aujourd’hui si nous sommes las, rappelons-nous les paroles du prophète Isaïe (Is 40, 28-31) « Le Seigneur est le Dieu de toujours… Il donne de la force à celui qui est fatigué, et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance… Ceux qui se confient en l'Éternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles ; Ils courent, et ne se lassent point, ils marchent, et ne se fatiguent point. »


30-04-2020

Amoureux

De tout temps, on a aimé mettre en relief les contraires, le blanc et le noir, le froid et la chaleur, la lumière et les ténèbres, les professionnels et les amateurs…

À ce sujet c’est l’histoire, véridique, d’une affichette apposée à l’entrée d’un magasin de bricolage « Bricoleurs, oubliez vos complexes. N’oubliez jamais que le Titanic a été construit par des professionnels et l’arche de Noé par un amateur ! »… voilà une opposition saisissante à travers les siècles !

De la mer à la foi, il n’y a qu’une vague, alors précisément comment vivons-nous aujourd’hui notre foi ? A-t-on la foi du charbonnier, sommes-nous dilettantes ou plutôt curieux, sommes-nous attachés à l’Église, suivons-nous notre propre chemin en laissant sur le côté ce qui nous gêne le plus, sommes-nous de vrais chercheurs de Dieu…? Il appartient à chacun de déterminer, en vérité, sa relation à la foi.

Mais si nous prenions conscience de ce qu’a dit Saint Paul dans sa lettre aux Galates (Ga 2, 16) : « l’homme n’est pas justifié par la pratique de la loi, mais seulement par la foi en Jésus-Christ », voilà qui nous amènerait sûrement à prendre un peu de temps, qui serait tout sauf du temps perdu, pour réfléchir à la manière dont nous faisons exister notre foi dans notre vie.

Baptisés, nous sommes en fait à la recherche de Jésus-Christ, vrai homme vrai Dieu, venu, « non juger le monde, mais le sauver » (Jean 12, 47). Un message central de l’Évangile, cette Bonne Nouvelle qui donne pleinement sens aux événements de notre vie ; chaque jour, nous devenons ce que nous serons éternellement auprès de Dieu.

Alors pour progresser, quoi que nous soyons aujourd’hui, si nous devenions tout simplement « des amoureux de l’Évangile », prêts à nous abandonner dans les bras du Seigneur pour découvrir cet amour infini qui nous est offert ! Alors le jour venu, nous pourrons dire avec joie « J’entends mon bien-aimé. Voici qu’il arrive. » (Cantique des cantiques 2, 8).


29-04-2020

Extrêmes

Dans les situations exceptionnelles, comme celle d’aujourd’hui, on sait que les extrêmes se découvrent. Le bien et le mal s’affrontent, combat ancien et toujours d’actualité. En ce printemps 2020, un tout petit virus a suffi pour libérer des forces obscures et dans le même temps générer des sommes de beauté inouïes !

Pas de jour sans apprendre que des masques de protection ont été volés dans les hôpitaux et des respirateurs dérobés, le tout pour être revendus, des personnels soignants dont les voisins demandent leur déménagement de crainte d’être contaminés, des voitures d’infirmiers fracturés… la liste est longue, le malin se déchaîne.

Mais St Paul l’a bien écrit dans sa Lettre aux Romains « Là où le péché a abondé, la grâce de Dieu a surabondé ! » (Romains 5-20). De fait ici, la fraternité s’est mise à l’œuvre avec une puissance formidable : il y a les applaudissements au balcon à 20h, en ville, de tous ceux qui sont confinés et expriment leur soutien au monde médical, des voisins qui s’ignoraient jusqu’alors qui se parlent et s’entraident au sein des immeubles ou d’une maison à une autre, des personnes âgées à qui l’on apporte le ravitaillement, des personnes qui se téléphonent régulièrement pour maintenir ce lien précieux qu’est le partage… L’attention à l’autre devient une réalité, souvent par des petits gestes qui passent pour la plupart inaperçus, mais qui sont autant de marques d’espérance et d’avancée vers Dieu « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » (Matthieu 25, 40).

Par notre vocation baptismale, où que nous soyons, demeurons ainsi des vecteurs de paix, d’amour et de charité.


28-04-2020

Invitation

Invitation, voilà un mot qui pourrait à l’heure du confinement être rayé de notre vocabulaire. Plus question, en effet, de convier ses proches ou ses amis à partager un moment chaleureux chez soi ! « Restez chez vous » est aujourd’hui le maître-mot, que nos soignants nous répètent inlassablement afin de permettre aux équipes médicales de tenir, face à cette déferlante quotidienne de malades.

Invitation, voici cependant que ce mot a retrouvé toute sa raison d’être. On sait combien l’homme s’épanouit pleinement lorsqu’il n’est pas enfermé dans sa solitude. C’est ainsi que l’on voit aujourd’hui fleurir sur les réseaux sociaux des invitations pour un apéro ou un café ; les jeunes entraînent les générations d’au-dessus, avec une grande patience dans les explications de connexion ! Et de fait, la vidéo permet des retrouvailles chaleureuses, même à distance.

Et si ce temps était aussi pour nous comme une invitation à nous pencher sur notre foi, à éveiller ou réveiller peut-être notre désir d’élévation. Le sens de notre existence, la présence de Dieu, Jésus vrai homme vrai Dieu… et tant d’autres questions qui ont pour objectif, plus ou moins bien discerné, le bonheur éternel. C’est cet enfant qui demande à ses parents à être baptisé ; ceux-ci, pour s’assurer de la consistance de sa requête, en demandent la raison : « je veux être baptisé pour être heureux ! » Cet enfant a tout compris.

Nous sommes tous invités à la joie éternelle, à nous d’accepter de répondre à cette invitation.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3, 16)


27-04-2020

Urbi et orbi

Quelle image saisissante, le vendredi 27 mars 2020 au soir, que ce Saint-Père à la démarche hésitante donnant sa bénédiction Urbi et Orbi, à la ville et au monde, et l’indulgence plénière, sur une place St Pierre déserte !

Le ciel était au diapason de la situation actuelle de notre monde, sombre, avec ces trombes d’eau qui balayaient le dallage devant les colonnes du Bernin, comme autant de larmes ruisselant sur le visage dévasté par la douleur du Crucifix de l’église de San Marcello al Corso, en face de l’icône de la Salus Populi Romani, que le Pape était allé vénérer le dimanche 15 mars pour invoquer la fin de la pandémie.

En face de cette silhouette blanche au milieu de cette grande place de Rome, personne de visible, et pourtant combien d’hommes et de femmes ont ce soir-là participé à cette prière fervente, unis dans la douleur et l’espérance.

Les mots, puissants, du souverain pontife ont ainsi résonné aux quatre coins de la terre, "D'épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d'un silence assourdissant et d'un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage… Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade", il est temps de se "réorienter".

Ici, comme ailleurs, si c’est l’heure de l’action sur le plan sanitaire, cela doit être aussi celle du début de la réflexion sur « l’après. »

Prions pour le pape François qui porte notre Église, notre Mère !
« On ne peut avoir Dieu pour Père si l’on n’a pas l’Église pour Mère » St Cyprien 


26-04-2020

Mystère

Le mystère a toujours attiré l’homme. Pour s’en convaincre, il suffit de relever tous les livres ou albums de bandes dessinées qui, dans leur titre, portent le mot « mystère ».

En voici juste quelques-uns : Le Mystère de la Chambre Jaune de Gaston Leroux, les Mystères de Paris d’Eugène Sue, l’Étoile Mystérieuse, dans les aventures de Tintin d’Hergé, le Mystère de GrosBois, aventure de la fameuse Patrouille des Castors de Mitacq et Charlier…et bien d’autres.

Ce qui apparaît a priori non explicable, ce qui déconcerte, ce qui nécessite la mise en route sur un chemin dont on ne connait bien ni les contours, ni l’objectif, voilà qui invite à la recherche et met en route tant le corps que l’esprit. Oui, l’homme est attiré par ce qu’il ne saisit pas d’emblée ; l’aventure de la recherche et de la découverte est un aimant puissant.

Pour nous, chrétiens, le mystère est au cœur de notre foi, ne parlons-nous pas en effet des Mystères sacrés. On utilise le mot mystère pour évoquer ce qui est secret ou caché, une vérité inaccessible à la raison, mais que Dieu donne à connaître en se révélant. Le mystère ne signifie pas que la foi et les vérités de foi sont contraires à l’intelligence et à la raison, mais qu’elles vont bien au-delà. Entrer dans la plénitude des mystères nécessite une disposition intérieure d’accueil au don gratuit de Dieu.

Le cardinal Suhard, ancien archevêque de Paris, a écrit « qu’être un témoin implique d’être un mystère vivant. Cela veut dire vivre de telle façon que notre vie n’aurait aucun sens si Dieu n’existait pas. ».

Et si nous tentions d’être chacun un mystère vivant ; peut-être alors ceux que nous croisons au quotidien seraient-ils ainsi déconcertés et amenés à rechercher ce qui est au cœur de leur vie.  


25-04-2020

Citius, altius, fortius

Plus vite, plus haut plus fort

Les Jeux Olympiques de Tokyo vont être reportés à l’année prochaine, les fans de sport en seront sûrement déçus mais, chacun le comprendra, il y a pour l’heure d’autres priorités à gérer !

A-t-on bien le souvenir du père Henri Didon (1840-1900), dominicain, chargé de redonner des couleurs à une école catholique d’Arcueil et qui, pour mener à bien ce projet, a créé un championnat athlétique ? Ainsi, était née la devise de l’école : citius pour l’esprit et les études, altius pour l’élévation de l’âme et le chemin vers Dieu, fortius pour le corps façonné par le sport.

Lorsque Pierre de Coubertin, ami du père Didon, relance les JO 1500 ans après leur disparition, il fera de ces trois mots latins la devise des premiers Jeux modernes, c’était en 1896 à Athènes ; à cette occasion, Pierre de Coubertin invitera le père Didon à célébrer une messe.

Nous savons tous que le sport est bon pour le corps et l’esprit. Mais au-delà des terrains qui y sont consacrés, il y a une course que nous menons au jour le jour, celle pour obtenir plus et mieux pour nous et pour les nôtres, celle pour réussir des exploits qui marqueront les esprits, celle qui nous donnera du pouvoir sur les autres… tout cela est-il bien ajusté ?

Sans négliger la légitime recherche et le développement des talents qui nous ont été confiés, nous chrétiens, que recherchons-nous en réalité ? St Paul dans sa Lettre aux Corinthiens (1 CO 9, 25), nous le rappelle, il y a ceux qui courent « pour une couronne périssable » et les autres « pour une couronne impérissable. »

C’est bien celle-ci pour laquelle nous courons, heureux sommes-nous de savoir qu’un avenir éternel nous attend !


24-04-2020

Changement

Voilà, l’épidémie est là ; si la première urgence est bien d’y faire face et nombreux sont ceux qui s’y dévouent, peut-être se doit-on de réfléchir dès maintenant à tout ce que cela entraîne comme questions pour l’avenir et les réponses qu’il faudra y apporter :

Et puis, il y a notre Église : doit-elle changer, et si oui, comment ? C’est un journaliste qui demande un jour à Ste Mère Teresa « À votre avis, que faudrait-il changer dans l’Église ? » « Vous et moi, cher Monsieur ! »

Oui cette crise sanitaire est une occasion d’une prise de conscience, collective bien sûr, mais aussi personnelle. Il nous revient, à chacun, de discerner quelle est la voie à suivre pour le bien de notre terre, de notre pays, de nos familles, de l’autre, en fait de nous-même.

Changer c’est certain ; heureux sommes-nous, nous savons  que nous pouvons nous appuyer sur Dieu le Père : « Car moi, l’Éternel, je ne change pas » (Malachie 3, 6).  


23-04-2020

Reconnaissance

Il y a peu encore, certains mots semblaient quasiment être sortis du vocabulaire courant : devoir, patience, reconnaissance… et bien d’autres. La période que nous traversons les remet violemment au cœur de notre quotidien.

Si le confinement réapprend la patience à chacun, chez soi, il est des milliers de nos concitoyens qui font leur devoir, héroïques face à ce virus, ennemi invisible : tous les membres des services de santé qui oeuvrent sans désemparer sur ce front dont on ne peut durablement dresser la carte tant il est imprévisible et changeant ! Ils ne sont pas les seuls bien sûr, dans notre pays, d’autres professions méritent également tout notre respect et toute notre gratitude mais le monde médical, en première ligne, mérite une reconnaissance toute particulière, présente et future !

De tout temps, on a connu des hommes et des femmes généreux prêts à rendre service, certes « leur récompense sera grande dans les cieux » (Matthieu 5, 1-12), mais souvent aussi celle-ci se présentera sur notre bonne vieille terre. C’est l’histoire de Pierre Roger, père abbé de la Chaise-Dieu attaqué et dépouillé par des brigands alors qu’il se rendait à Paris, c’était au 14è siècle. Recueilli par le curé de Turet qui pourvut à tous ses besoins, Pierre Roger en quittant son bienfaiteur lui dit « quand pourrai-je vous récompenser ? » Il reçut une réponse à laquelle il ne prêta pas plus d’importance que cela : « lorsque vous serez pape ! »

Il se trouve que Pierre Roger devint pape en 1342 sous le nom de Clément VI. La mémoire ne lui ayant pas fait défaut, il appela son bienfaiteur à ses côtés qu’il nomma camérier de la maison pontificale, puis archevêque de Toulouse !

Alors, n’oublions pas aujourd’hui et demain tous ceux qui nous permettent tout simplement de vivre !


22-04-2020

Bonheur

On sait que la recherche du bonheur est centrale pour tout homme, sur terre. Les quêtes peuvent être multiples, les chemins d’accès également.

En Chine, il y a un curieux proverbe qui dit que pour être heureux une semaine, un homme doit prendre femme, pour être heureux un mois, il doit tuer le cochon, et pour être heureux toujours, il doit planter un jardin… à chacun sa culture !

Planter un jardin pour être heureux toujours, on mesure bien les arbres qui croissent paisiblement et constituent des repères d’histoire émouvants, les parterres de fleurs qui s’épanouissent régulièrement au rythme des saisons, les couleurs qui réagissent à l’intensité variable de la lumière. Tout, à l’évidence, participe à l’éclosion de la joie en mettant devant nos yeux la beauté de la création.
Pour nous chrétiens, qu’est-ce précisément que le bonheur ? De longues journées d’échanges et de partage ne suffiraient pas à dresser ne serait-ce que l’introduction de ce thème. Aujourd’hui, je dirais « simplement » que le bonheur c’est donner ce que l’on a, c’est donner ce que l’on est, c’est espérer, c’est témoigner en vivant de la Bonne Nouvelle…

En fait, ce sont peut-être les Béatitudes (Matthieu 5, 1-12) qui tracent le mieux la voie vers le Seigneur « heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs…soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. »

Jésus nous a balisé le chemin du bonheur éternel, c’est à notre liberté qu’il revient de l’emprunter !


21-04-2020

Cohabitation

Le temps de confinement que nous traversons va immanquablement modifier notre mode de vie, nos horaires, nos activités, nos relations aux autres, à l’autre. Il nous faut aussi  nous réapproprier l’espace dans lequel nous évoluons habituellement avec, aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous, une contrainte supplémentaire celui de le partager, non sur certaines plages mais tout au long de la journée. Nous voici ainsi tenus de réfléchir à ce partage et de mettre en pratique certaines règles de vie en commun que la vie, jusqu’au 17 mars 2020, avait eu tendance à nous faire passer au second plan. La réalité nous rattrape, brutalement.

Si elle peut être très douloureuse dans certains cas, l’humour peut ne pas en être totalement absent. Peut-être connaissez-vous déjà cette petite histoire qui me semble bien adaptée à la situation : Une mère de famille poussée à bout par l’un de ses enfants lui dit, « désormais je te parlerai seulement par des citations de la Bible. » Le lendemain matin l’enfant, qui doit travailler, ne se lève pas (1). Sa mère ouvre la porte de la chambre et dit « enfant lève-toi » (Luc 8, 54). L’enfant se retourne sous sa couette en disant « femme, mon heure n’est pas encore venue » (Jean 2, 4)

  1. …bien sûr, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite…

20-04-2020

Dominus flevit

Le Seigneur pleura

Il est un lieu, au Mont des Oliviers, où Jésus pleura sur Jérusalem lors de son entrée messianique dans la ville sainte, « parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu as été visitée » (Luc 19, 41). Les larmes de Jésus révèlent ce refus de l’Homme de croire en sa Parole et à cette paix éternelle qu’il promettait « ils ne tendent que vers les choses de la terre » a écrit Saint Paul aux Philippiens (Ph 3, 19).

De nos jours, une chapelle, en forme de larme, rappelle cette triste étape du Christ face à la vieille ville de Jérusalem où il va affronter les souffrances de la mort pour le salut des hommes.

Peut-être le Christ pleure-t-il encore aujourd’hui sur ces hommes que nous sommes et qui, poussés par un désir ni suffisamment réfléchi ni suffisamment contrôlé de développement de la création, ont fini par perdre de vue le vrai sens de la vie. Coupées de Dieu, les décisions humaines sont, dans bien des cas, parties à la dérive, que ce soit dans le domaine du respect du corps humain, la recherche d’un profit toujours plus grand, une notion mal comprise de la liberté qui pousse chacun à faire ce qu’il veut, la quête de bonheurs artificiels dont on connaît les souffrances…chacun sera à même d’ajouter d’autres exemples…

Mais, heureusement, après la Passion il y a la Résurrection, et c’est bien cela qu’il faut garder dans le cœur et dans l’esprit. Déjà aujourd’hui, plus nombreux qu’on ne le pense sont ceux qui discernent, qui s’efforcent de bâtir leur vie sur le roc, qui expriment leurs talents et leur générosité, qui chantent, qui prient !

Alors, si la période actuelle est délicate, douloureuse pour beaucoup d’entre nous, si l’inquiétude ou l’angoisse nous saisit, pensons bien que ce carême nous conduit à travers la Passion à une vie éternelle où il n’y a plus ni deuil, ni larme (Apocalypse 21, 4) !


17-04-2020

Danse

Le temps passe, les événements aussi, succession de joies, de souffrances, d’émerveillement, d’inquiétudes, de bonheurs, de louange, de reconnaissance, la vie en somme avec ses ténèbres et ses lumières.

L’Ecclésiaste le dit bien, il y a « un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser » (Ecclésiaste 3, 4). Pour l’heure, nous sommes au temps des douleurs et il faut y faire droit.

Lorsque sera venu le moment où l’on pourra dire que la crise sanitaire est derrière nous, que le déconfinement sera bien levé, on s’imagine déjà les retrouvailles, le bonheur partagé cette fois vraiment ensemble, la fête pourra alors pleinement s’exprimer !

Le corps retrouvera une vraie liberté de mouvement, la danse en sera sûrement l’un des symboles. Serait-ce pour cela, comme l’aurait dit un enfant du catéchisme, que « les papes sont allés à Avignon pour danser, car à Rome c’était interdit » ?

Et l’esprit, va-t-il alors danser lui aussi, va-t-il savoir ce jour-là, tout en gardant au fond de lui la gravité des heures passées, dire sa reconnaissance au Seigneur « Alors les jeunes filles se réjouiront à la danse, Les jeunes hommes et les vieillards se réjouiront aussi ; je changerai leur deuil en allégresse, et je les consolerai; je leur donnerai de la joie après leurs chagrins » (Jérémie 31:13)

Passer l’heure présente, c’est déjà dans bien des cas, notamment les hôpitaux ou les Ehpad, un véritable exploit. Prenons-les dans nos prières. Viendra plus tard l’heure de la danse, nous la vivrons à plein, une beauté « mystère qui danse et chante dans le temps et l’au-delà du temps ! » (Jean d’Ormesson)


16-04-2020

D’autres aussi…

Nous voici donc confinés pour un mois encore ! Nous apprenons ainsi, jour après jour malgré l’inquiétude et la souffrance pour certains, la patience que St Paul dans sa lettre aux Galates décrit comme un fruit de l’Esprit (Galates 5.22).

Mais d’autres avant nous ont vécu ce confinement ; voyons dans la Bible quelques-uns de ces personnages qui se sont trouvés confinés pour un temps.

Il y a deux récits qui semblent à ce titre « sauter aux yeux », celui de l’Arche de Noé (Genèse 7) et celui de la nuit de la Pâque (Exode 12).

C’est donc Noé qui échappe au déluge et survit grâce à l’arche où lui-même, les siens et un certain nombre d’animaux ont pu se réfugier, prélude d’une nouvelle humanité.

Ce sont les Hébreux en Égypte invités à rester chez eux, leurs portes marquées du sang d’un agneau, afin d’échapper à la dixième plaie d’Égypte (la mort des premiers-nés) prélude de leur sortie d’Égypte et de l’esclavage.

C’est Joseph, fils de Jacob, jeté dans une citerne qui ne contient pas d’eau (Genèse 37, 24) avant d’être finalement vendu comme esclave par ses frères jaloux. Devenu l'homme le plus puissant d'Égypte à côté du roi, Joseph retrouvera ses frères venus acheter des provisions en Égypte, leur pardonnera et les invitera à s'installer durablement en Égypte.

C’est Jonas qui fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson (Matthieu 12, 40) après avoir désobéi à Dieu en s’enfuyant loin de Ninive. Puis « L'Éternel parla au poisson qui vomit Jonas sur la terre ferme » (Jonas 2, 11).

C’est Pierre, lié de deux chaînes en prison. Un ange du Seigneur survint en disant : "Lève-toi promptement !". Les chaînes tombèrent de ses mains… ils sortirent, et s'avancèrent dans une rue… (Actes des Apôtres 12, 10)

Il y aurait bien d’autres exemples à citer.

Comment exactement sortirons-nous de notre confinement ? L’avenir nous le dira. Nous devons accepter de ne pas avoir toujours toutes les réponses, c’est cela avoir confiance en Dieu ! « Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses » (1 Jean 3:19, 20)


15-04-2020

Un an déjà...

Un an déjà…c’était les 15 et 16 avril 2019, Notre-Dame de Paris brûlait sous nos yeux, incrédules ! Disparaissaient ainsi de notre paysage parisien familier, la « forêt », cette charpente joyau de l'architecture médiévale dont les poutres les plus anciennes dataient de huit siècles, la flèche, les toitures de la nef et du transept, une partie de la voûte…

Notre-Dame, plus qu’un monument, un point d’ancrage fort pour beaucoup, croyants ou non, français ou étrangers, un repère silencieux mais présent dans le fil de nos jours, de nos vies.

Et voilà que ce qui nou paraissait indestructible, tant les siècles avaient forgé sa solidité, physique et spirituelle, nous rappelait que sur terre tout passe « …comme l'herbe, elle fleurit le matin et elle passe… » (Psaume 90, 5-6)

Mais une main divine a préservé les pierres de cette cathédrale, vaisseau immobile mais au cœur battant au milieu du mouvement effréné de notre époque. Et l’homme d’aujourd’hui, comme ses prédécesseurs, s’est remis à la tâche pour redonner vie à Notre-Dame !

Merci, Vierge Marie, pour la joie qui nous est offerte de voir notre cathédrale toujours dressée vers le ciel de l’île de la Cité, de la voir fédérer aujourd’hui comme hier les énergies, de nous rassembler pour prier tous ensemble, en Église.

Parce que vous êtes là pour toujours,
Simplement parce que vous êtes Marie,
Simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée ! (1)
  1. Charles Péguy, La Vierge à Midi

14-04-2020

Soleil levant

 Demain il y a 146 ans, c’était le 15 avril 1874, se tenait la première exposition des impressionnistes ; l’impressionnisme, une tendance nouvelle qui consistait à rendre l’impression visuelle ressentie par l’artiste sans se préoccuper des règles académiques officielles, à peindre ainsi le monde du réel, celui de la beauté de la nature, une quête sans fin de lumière… Ce qualificatif, qui allait rester au groupe pour la postérité, faisait plus particulièrement référence au tableau de Claude Monet présenté à l’exposition et intitulé, « Impression soleil levant ».

Soleil levant, lumière, n’y a-t-il pas là comme un parfum de Pâques que nous venons tout juste de fêter ! Et pourtant, la semaine dernière flottait une odeur de mort, une tristesse que rien ni personne ne semblait pouvoir arrêter, envahissaient le temps et l’espace « …brutalisé, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche…il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort… » (Isaïe 53).

Et puis voilà qu’après le silence du samedi, pesant, triste, interrogatif, la lumière pascale fait brusquement son apparition, bouleversant la compréhension des hommes de l’époque, bouleversant aussi la nôtre aujourd’hui ! Qui n’a pas un jour été saisi par cette lumière du matin, si pure, si douce, si attirante…un réveil après la nuit…une résurrection !

Que serait notre foi sans La Résurrection ? Tout a changé pour nous ce jour-là ! Nous voici, par ce tombeau ouvert, convaincus de cette vie éternelle à laquelle nous sommes tous appelés. Un dessein voulu par Dieu d’appeler l’homme à la divinisation, « Vous êtes des dieux » clame le psaume 82 ! Y a-t-il parole plus enthousiasmante pour notre avenir !

Laissons-nous saisir par ce soleil levant de Pâques et c’est alors que nous verrons que « La lumière de Jésus brille, comme dans un miroir, sur le visage des chrétiens, se répand pour arriver jusqu’à nous, afin que nous puissions, nous aussi, participer à cette vision et réfléchir sur les autres cette lumière, comme dans la liturgie de Pâques la lumière du cierge allume beaucoup d’autres cierges » (Encyclique La lumière de la foi, Pape François, n°37)

Forts de cette Résurrection, avançons désormais vers le Seigneur avec confiance, il nous attend avec un amour indicible : « Le soleil ne se lève que pour celui qui va à sa rencontre » (1)

  1. Henri Le Saux bénédictin qui contribua au dialogue entre le christianisme et l’hindouisme

10-04-2020

Histoire du Moyen-Âge

 C’est une vieille histoire du Moyen-Âge à propos de l’Ascension, au risque de bouleverser un peu le temps liturgique, mais Pierre nous a heureusement rappelé que pour le Seigneur « Un jour c’est comme mille ans et mille ans sont comme un jour » (2 P 3).

Le jour de l’Ascension, Jésus s’élève devant ses apôtres au sommet du Mont des Oliviers, près de l’endroit où il s’était retiré pour prier avant sa Passion et, là, il disparaît à leur regard. Ce qu’ils ne savent pas c’est que, ce jour-là, il croise l’archange Gabriel qui lui dit : « Mais dis-moi que se passe-t-il sur la terre ?

C’est étrange, tout est noir, je vois juste quelques petites lumières là-bas ». Jésus lui explique alors « C’est la nuit sur terre, c’est vrai. Mais compte bien les lumières, il y en a 12 : c’est Marie, ma Mère, et mes apôtres qui prient au Cénacle. Et mon plan, une fois retourné chez mon Père, est d’envoyer de là-haut l’Esprit-Saint. Alors, une fois que j’aurai envoyé l’Esprit Saint, tu verras : toute la terre va être embrasée. Les petites flammes qui sont là dans cette maison vont se répandre partout, et toute la terre ne sera qu’un grand feu ».

L’archange Gabriel, qui connaît bien les hommes, semble un peu sceptique et finit par demander à Jésus : « Et si ton plan ne marche pas ? » Alors Jésus répond : « Je n’ai pas d’autre plan » !

Oui, il n’y a qu’un seul plan pour sauver l’humanité, un seul dessein de Dieu, n’en cherchons pas d’autre et ce plan a pour centre et moteur, l’amour. « Dieu est amour » nous dit St Jean dans sa première lettre (1 Jn 4, 8), un amour total qui crée, un amour qui unifie, un amour qui apaise et réconforte, un amour qui montre la voie, un amour qui appelle, un amour inépuisable…

N’est-ce pas tout ce dont nous avons bien besoin aujourd’hui ?
Aimer est le plus beau cadeau de Dieu, un cadeau que nous aussi nous pouvons offrir tous les jours de notre vie : alors pourquoi s’en priver ? 


07-04-2020

Portrait

On raconte que le Pape Pie XI (1922-1939) était plutôt sérieux mais que parfois il savait ne pas manquer d’humour. C’est ainsi, alors qu’un peintre venait d’achever son portrait et que le Souverain pontife avait peine à se reconnaître, que l’artiste lui demanda de mettre un mot sur l’oeuvre réalisée. Pie XI écrivit alors « Jean 6, 20 ». De retour chez lui, le peintre prit une Bible et lut « C’est moi, n’ayez pas peur ! »

Qui d’entre nous n’a pas, un jour, brossé un portrait légèrement biaisé de quelqu’un ? La nature humaine est ainsi que l’on trouve parfois un certain plaisir, peut-être pour amuser la galerie, à grossir les traits de notre prochain. Pourtant Pierre, dans sa première épître, nous recommande vivement d’éviter « toute sorte de médisances », la médisance dont Saint François de Sales disait qu’elle est « la vraie peste des conversations. »

Le pape François nous a demandé « de nous défendre mutuellement contre les bavardages, de ne jamais parler mal de l'autre, de ne jamais ouvrir les oreilles aux commérages » et de nous tourner vers l’archange St Michel pour nous aider dans cette bataille quotidienne, bien difficile.

On mesure la difficulté de la tâche mais la bienveillance l’emportera toujours et « L'âme bienfaisante sera rassasiée » (Proverbes 11, 25)

Alors, durant cette Semaine Sainte qui débute, pourquoi ne pas essayer de placer la bienveillance au bord de nos lèvres et au cœur de notre regard « L'homme dont le regard est bienveillant sera béni. » (Proverbes 22, 9)

Belle Semaine Sainte à chacun !


06-04-2020

Contagion

En ces temps troublés, le mot contagion inquiète pour le moins, à juste titre. Faire face à un ennemi, a fortiori invisible, renforce l’aspect inquiétant de la situation.

Et si l’on essayait un instant de se garder de toute passion, par essence même excessive, peut-être pourrions-nous discerner dans certaines contagions un effet bénéfique. C’est en premier lieu, bien sûr, la grâce de Dieu. Saint Paul dans sa Lettre aux Romains nous le rappelle (Rm 5, 15), la grâce de Dieu est en quelque sorte contagieuse « répandue en abondance sur la multitude » ; cette grâce est partout et pour tous, voilà une parole qui peut redonner le moral aux esprits attristés.

Mais il y a bien d’autres formes de contagion du quotidien possibles et qui méritent d’être « explorées ». Dans cette veine, nous le savons, la générosité est contagieuse, la bonté est contagieuse, l’attention à l’autre est contagieuse, l’apaisement est contagieux, la bonne humeur est contagieuse, et il y en a d’autres, bien d’autres…à chacun d’entre nous de les découvrir et de les développer. Oui, il y a une foule de contagions bienfaisantes qui sont toutes à notre portée.

Alors gardons bien dans le cœur que, malgré les difficultés rencontrées sur terre comme celles d’aujourd’hui, nous ne sommes pas abandonnés, Dieu est un secours qui ne manque jamais dans la détresse (Psaume 46 v 2).


02-04-2020

Comment faire ?

Lors d’une récente retraite de Carême, le prédicateur nous rapportait la réponse du dirigeant d’un fleuron de l’industrie française à la question posée « mais comment pouvez-vous gérer un groupe de plus de 100 000 personnes ? » « Faire faire, tout faire, ne rien laisser faire », a-t-il répondu.

Alors ne rien laisser faire, on voit bien, faire également, mais faire faire ? En fait, on comprend bien ici que l’idée n’est pas de rester assis sur une chaise en attendant que le temps passe, que les autres fassent tout, mais bien de savoir dégager un temps pour lire, écouter, observer, discerner, réfléchir, consulter, partager… autant d’attitudes, que la période vécue jusqu’à présent semblait ne pas nous permettre, et qui devraient favoriser la prise de décisions ajustées.

Brutalement aujourd’hui, la situation est tout autre, demain ne sera manifestement pas comme avant. Ainsi, si la prière reste centrale au cœur de notre existence, profitons aussi de ce temps pour le moins étrange pour réfléchir à nos habitudes, à notre rythme de vie, aux autres, à notre monde, au vrai sens de notre chemin terrestre.

Pour cela, rappelons-nous ce que nous ont dit nos évêques, il y a quatre ans : « L’espérance chrétienne n’est pas seulement individuelle, elle est aussi collective » (1).

Oui, c’est bien tous ensemble que notre avenir pourra se dessiner. À nous, chrétiens, de savoir répondre à notre manière, celle de l’Évangile, aux défis du temps présent !

  1. Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique. Conseil permanent de la Conférence des évêques de France.

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