CHEZ NOUS, DANS LES ANNÉES CINQUANTE…

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23-11-2017

"Clochers d'Aure" 1954

Il y avait de l'humour dans nos anciens bulletins paroissiaux !
En voici deux exemples :


HISTOIRE DE CHASSE EN AURE

On plaisante facilement les chasseurs ; avez-vous remarqué qu’ils ont toujours un caractère heureux ? On prétend qu’ils se vantent souvent et qu’ils exagèrent leurs exploits et leurs prouesses. Mais avez-vous déjà, causé avec quelques-uns d’entre eux, tranquillement à la fin d’un bon repas, devant la tasse de café et le verre de Cognac pour les messieurs, et d’anisette d’Espagne pour les dames ?

Se vanter ?, d’ailleurs, n’y a-t-il que les chasseurs qui se vantent ?, puis, ils savent si gentiment vous narrer même leurs mésaventures. Lisez bien ceci qui me fut raconté sans fausse honte, familièrement, par un des héros du « drame ».

Sur les bords d’une clairière, par là, quelque part, dans un bon coin pour chasseurs au repos, ils sont cinq ; le dernier arrivé est radieux : le beau coq qu’il vient d’abattre ! vous allez voir ça ! Il prend son temps pour s’asseoir et, lentement, avec tout le respect dû à une pièce rare, dont le seul souvenir le rendra fier longtemps, il sort une bête magnifique au plumage étincelant, au bec cruel, aux ergots puissants et terribles, à la crête majestueuse, bref un des mâles dont le port royal devait en imposer dans le coin où il exerçait sa domination et faire glousser d’admiration passionnée toutes les poules de la forêt.

Un coq, Monsieur, comme vous n’en avez jamais vu, pas même sur les plus belles images.

Ce ne fut qu’un cri d’émerveillement de la part de nos chasseurs, tous habiles et bons connaisseurs, à la vue d’une si belle pièce et, chacun son tour, voulut prendre le coq pour le voir de plus près, le palper, le soupeser, l’apprécier enfin à sa juste valeur et lui payer le tribut d’une admiration... presque émue.

Les pompiers vous diront qu’il est des gens qu’on ranime en les massant, en leur faisant exécuter certains mouvements... — Chasseurs ou pompiers ? Ou les deux à la fois. Arrivé dans les mains du cinquième chasseur, notre beau coq eut tout d’un coup une espèce de convulsion et, dans un bruit d’ailes effrayant, poussa un cri de colère, prit son vol et fila laissant tout penauds nos cinq chasseurs dont les fusils n’étaient plus à portée de main.

On prétend, — mais il y a toujours des gens « très » informés — que depuis ce temps le malheureux cinquième ne va plus chasser sans emporter de la ficelle pour attacher les pattes de ses malheureuses victimes ; et quand on lui demande pourquoi cette ficelle, il vous dit avec un gentil et malicieux sourire : « Hé, oh ! Moussu, qué boulét ! qué saibom pas ço qui pot arriba ! »

J’avoue que c’est moi qui ajoute ce détail de la fin ; mais mon chasseur est si gentil, il a tant d’esprit et comprend si bien la plaisanterie, qu’il me pardonnera sûrement.

Un ami.


CHARMANTE RÉPONSE AUROISE

À l’embranchement des deux routes d’Agos et de Guchan, un touriste parisien arrête son « Amilicar-Sport » pour interroger le jeune Pierrou du village de Bazus, qui garde les vaches de ses parents.

- Dis moi, charmant petit, est-ce loin, Saint-Lary ?
- Ça dépend, M’sieu.
- Tu as l’air intelligent. Comment t’appelles-tu ?
- Comme mon père, M’sieu.
- Bon. Mais le nom de ton père ?
- On a le même nom de père en fils.
- Êtes-vous nombreux, dans ta famille ?
- Autant que d’assiettes à table, M’sieu.
- Combien d’assiettes ?
- On a chacun la sienne.

Le touriste n’insista pas, car il était pressé d’arriver pour déjeuner au restaurant « Mir ».


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