I
Où sont Vignec, ces heureux jours
Où dans le vieux village
Se dressaient quatre vieilles tours
Défiant le nuage ?
Quel cruel mutila ce fief
De son plus beau relief ?

                    II
Demeure du juge de paix,
Pittoresque et beau site,
Ton prestige au loin rayonnait
Vielle est ton satellite.
Mais un jour ton étoile pâlit
Cette gloire s’enfuit.

                    III
Une ère moins belle s’ouvrit
Comme affirme un adage.
On prononce ton nom, on sourit
Mais, ô mon cher village,
Tu descendis de ce niveau
Pour rebondir plus haut.

                    IV
Des brus et des gendres nouveaux
Renouvellent la race,
Tu te réveilles en sursaut,
Vignec, à toi l’espace.
Depuis tu sus vers l’avenir,
D’un pas ferme courir.

                    V
Désormais tu seras cité,
Partout comme un modèle,
De labeur et d’activité,
D’endurance et de zèle
Comme réfractaire au bistrot,
Qu’avant tu aimais trop !

                    VI
Bientôt, c’est la course au travail ;
On devance l’aurore
Pour partir premier au bétail ;
Le soir, on bûche encore.
On ne veut laisser son outil
Que bien tard dans la nuit.

                    VII
Enfin, on tuera le dernier
Bien gras, l’habillé de soie,
Pour montrer que le grenier
Dans l’abondance se noie
Et qu’on a fait à sa façon
La meilleure moisson.

                    VIII
Vignec, peuple vaillant et fort,
On te dit économe,
Multipliant sans fin l’effort
D’où sortira la somme
Qui doit, n’en déplaise au rival,
Gonfler ton capital.

                    IX
Au loin, mon esprit évadé,
Tes domaines admire
Counques, Lias, Le Badet,
Grand et superbe empire,
Source de ta prospérité,
Vrai titre de fierté.

                    X
Enfin, sur des sommets plus beaux,
Mon œil épris s’arrête
Ta grande église et ses vitraux
Pour nos cœurs, quelle fête,
« C’est ma maison, dit le Seigneur,
« Fais-lui, Vignec honneur. »