I
Cadeilhan, roitelet hardi,
Qui, sur ce rocher trônes,
Fixant Sailhan et Saint-Lary,
Qui, sous tes pieds, bourdonne,
Le touriste dit : « Qu’il est beau
Et charmant ce hameau ! »

                  II
Frère jumeau, Trachez gentil,
Derrière la colline,
Tras la sierra un jour te dit :
« Cessons la grise mine.
Ne nous faisons plus aucun tort
Et mettons-nous d’accord. »

                  III
Dès lors on vit fleurir la paix.
Cadeilhan et Trachère,
Doux hameaux, auront désormais
Un seul cœur, cœur de frère.
En frères amis ils vivront,
Et rond ils tourneront.

                  IV
Peuple vaillant et religieux,
Race forte et belle,
À tort on te dit litigieux
Glissant dans la querelle.
Sous un autre angle je te vois,
Noble et grand je te crois.

                  V
En tes murs a fleuri jadis
Tel et tel homme insigne
Au hasard, le nom je choisis
D’un homme illustre et digne
Qui comme terrien et berger
Sut si bien émerger.

                  VI
Qui n’a connu ce Cassadou,
Typique personnage,
Homme de cran, pas toujours doux,
Doué d’un beau langage ?
Mettez, avocats et jury,
Chapeau bas devant lui.

                  VII
L’adage dit qu’un Cassadou,
— Proverbe ridicule —
Ne sut jamais faire maïdou.
Luttant comme un hercule,
Le nôtre, une grande en bâtit,
Y greffant son esprit.

                  VIII
Que dire, Trachère-Cadeilhan,
De vos filles bergères,
Dont on sait le rôle brillant
De bonnes ménagères ?
Dignes, je le dis, je le crois,
D’être épouses de rois.

                  IX
Au moulin de Vignec, voici
S’acheminer vos femmes,
Au front, on lit : « Pas de souci »,
Un air de grandes dames.
Pendant qu’on va moudre le grain,
Hélas ! pauvre prochain.

                  X
Femmes de Soulan, de Vignec,
De Cadeilhan-Trachère,
En Français, en beau patois sec,
Ce qu’on en énumère
De faits édifiants, faits divers,
Soit d’été, soit d’hiver !