AU BON COIN DES PARABOLES ET DES HISTOIRES

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26-06-2016

Thème n° 13

1 - Parabole des deux colonnes de la foi

Les colonnes, à quoi ça sert ? Qu’ont de particulier les 2 célèbres colonnes de la Maison-Église que sont les apôtres Pierre et Paul dont c’est la fête le 29 juin ?

Ils sont tous les deux à la fois semblables et dissemblables parfois contrastés et même opposés. Fermes et en même temps fragiles, ils sont solidement arrimés au portique du Galiléen Jésus de Nazareth. Ils ont su défier les usures du temps, mais sans cet ancrage, ils n’auraient pas connu un destin si glorieux.

Saint Pierre - église de Mont

Saint Pierre - église de Mont

L’un, Pierre, a été choisi le premier par le Maître au tout début de la grande aventure : "Venez à ma suite..." L’autre, Paul, fut terrassé en plein voyage alors qu’il s’en allait guerroyer contre les disciples du nouveau prophète. Choc frontal ! La colonne de Pierre d’apparence plus humble est celle de l’artisan-pêcheur fruste et laborieux, sans grande culture, mais vaillant, pour assurer le pain quotidien de toute une famille belle-mère comprise. L’autre colonne, celle de Paul, plus prestigieuse et attirante, c’est celle du fin polyglotte, connaisseur érudit des arcanes des Saintes Écritures, initié aux controverses théologiques, à Jérusalem, sous la houlette du pharisien Gamaliel.

Ces deux colonnes ont ceci en commun : il s’agit de deux grands pécheurs devant l’Éternel, car Pierre malgré ses fanfaronnades a trahi comme un minable sous-fifre peureux. Quant à Paul, avant de passer dans le camp des persécutés, il fut un infâme persécuteur. Et cela pour la bonne cause, au nom de la stricte orthodoxie juive. Un véritable et acharné "bouffe-chrétiens" dans sa croisade pour éliminer les dissidents.

Ils ont beaucoup à se faire pardonner tous les deux. Passer du "vieil homme" à l’"homme nouveau" n’est pas une mince affaire. Ils recevront pour marquer la rupture entre avant et après, un nouveau nom signifiant leur métamorphose. La colonne Simon fils de Yonas s’affermit sur ses bases devenant Simon Céphas (Simon le Roc). La colonne Saül elle s’harmonisera à la nouvelle réalité émergente en prenant le nouveau nom gréco-latin de Paul, c’est mieux pour évangéliser les gentils, les attirer dans la Maison. Les deux ont acquis une conscience aiguë de leur indignité foncière, des fissures qu’on peut deviner le long du pilier, signes d’une vulnérabilité qui risque à tout moment de tout faire capoter. "Moi le premier, il m’a fait miséricorde" dira Paul (1 Tim 1, 15) ; et Pierre de s’écrier, effaré : "Éloigne-toi de moi Seigneur, car je suis un pécheur" (Luc 5, 8) à la vue des filets de pêche lourds de poissons.

Saint Paul - retable église de Bordères-Louron

Saint Paul - retable de l'église de Bordères-Louron

Son activité sera marquée par une certaine stabilité de vie (champ d’activités surtout autour de Rome) alors que la colonne Paul, elle, ne cessera de se déplacer à travers pays et terres, mers et îles du bassin méditerranéen. Une vraie bougeotte ! Quelques 17000km, pense-t-on, souvent à pied. Ne craignant pas d’affronter au passage 3 fois la bastonnade, 5 fois le châtiment des 39 coups de fouet, essuyant 3 naufrages et frôlant à tout moment la mort. Étant probablement célibataire, il était plus libre par rapport à des obligations familiales que son confrère Pierre.

Un même destin les attendait au tournant : le martyre, sous le règne de l’empereur Néron. Mais là encore, leur classe sociale différente fait que Paul bénéficiera d’un traitement de faveur (!)réservé aux citoyens romains : la décapitation, alors que Pierre, lui, dut passer par l’abomination de la crucifixion.

Fin glorieuse pour tous les deux malgré tout, avec en prime une couronne de vie. Les colonnes ne tombèrent pas en dépit de circonstances adverses. La toiture de la Maison-Église est devenue de plus en plus vaste s’enrichissant d’innombrables communautés chrétiennes dans un dynamisme époustouflant : Damas, Césarée, Tarse, Chypre, Philippe, Athènes, Corinthe, Éphèse, Jérusalem, l’île de Crète, Rome, etc...

La toiture a l’ambition de recouvrir le monde entier un jour : "Allez dans le monde entier"

Il reste encore de la place à occuper dans la Maison-Église et la porte est grande ouverte...

 

Une question qu’on peut se poser à la lecture de ce texte :

Y trouve-t-on des éléments pour répondre à la question :

Qu’est-ce qu’un grand saint ?

On peut éclairer la réflexion avec la parabole du pharisien et du publicain ( Luc 18, 9-14 )

 

 

2 - Fioretti nous apporte un éclairage complémentaire : anecdote de la vie de Saint François Xavier

François Xavier médite. Soudain, il se pose la question : mais finalement la sainteté, qu’est-ce que c’est ? Comment devenir un saint ?

Il a une sorte de vision. Dieu au sommet d’une très haute montagne. Et Dieu lui dit : "Monte jusqu’à moi et tu sauras ce qu‘est la sainteté".

Il est solide, François Xavier, et un peu fanfaron. " S’il faut grimper dur, j’y vais !"

Au bout d’une heure, il tombe. Mais comme il est courageux, il se relève et il repart. Deux fois encore il tombe, et il est si loin du sommet ! Il dit au Seigneur : "J’ai compris. La sainteté c’est pas pour moi".
Le Bon Dieu rit comme il sait rire : "Mon pauvre ami, tu n’as rien compris ! La sainteté, ce n’est pas d’arriver jusqu’ici, c’est tomber et se relever, tomber et se relever..."

Cette anecdote nous aide-t-elle à répondre à la question posée antérieurement :

Qu’est-ce qu’un saint ?

 

 

3 - Quelques définitions qui nous encouragent à relever le défi de la sainteté :

  • "Un saint c’est celui qui est sorti de ses enfers, de sa cupidité, de son appétit de domination et qui habite sa vie dans une amplitude inespérée" (P. Gouze)

    Pierre, homme ordinaire, confronté à l’extraordinaire.

  • Un saint c’est celui qui a un futur étonnant : le saint pyrénéen Saint Michel Garicoïts, fondateur des Pères de Bétharram, avait cette belle devise qui a nourri sa spiritualité :

    "Bethi Aintzina"qui en langue basque signifie : "Toujours en avant".

    Devise qu’aurait pu faire sienne le grand Saint Paul.

  • Une Sainte pyrénéenne que nous aimons beaucoup à cause de son bon sens et de son franc-parler : Sainte Bernadette Soubirous déclarait : "je voudrais qu’on dise les défauts des saints et ce qu’ils ont fait pour les corriger, cela nous servirait bien plus que leurs miracles et leurs extases."

La route vers la sainteté nous est donc ouverte...

Bonne lecture !

Petite soeur Marie-Christine (Azet)


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