AU BON COIN DES PARABOLES ET DES HISTOIRES

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14-09-2016

Thème n° 16

14 septembre : Fête de la Croix Glorieuse

Quel paradoxe ! La croix supplice infamant et cruel (voir Deut 21, 23) "Un pendu est une malédiction de Dieu", et selon les Romains eux-mêmes qui l’utilisaient comme châtiment exemplaire "La croix, le plus cruel et le plus terrifiant des supplices" (dixit Cicéron, homme politique célèbre), est devenue le symbole par excellence de la foi chrétienne, un symbole glorieux, car la vie de Jésus ressuscité a vaincu la mort.

La vie de tout disciple de Jésus crucifié : un chemin de croix à vivre
où le bonheur est malgré tout au rendez-vous ?

Église de Guchan


A - Une vieille légende

Dans son livre, Urteaga nous raconte la vieille et plaisante légende d’un homme, harassé par le poids des années qui cheminait, traînant laborieusement la croix de sa vie. Et le vieillard conversait avec son Dieu.
- Seigneur, la croix que tu m’as donnée à porter est vraiment pesante, je n’en peux
plus.
– Tu désirerais une autre croix que celle que tu charges ?
- Oui Seigneur, cela fait si longtemps que je traîne ce fardeau , elle est vraiment trop lourde cette croix !
- Très bien, continue ton chemin, au bout de la route, tu arriveras à un champ rempli de croix. Laisse là celle que tu charges et choisis-en une autre à ta convenance.
Et notre homme séance tenante, de se mettre au travail, essayant l’une après l’autre toutes les croix jonchant le sol. Toutes les croix ! celle de l’ingratitude, de la calomnie, de la maladie, de la douleur, de la solitude, etc... Aucune ne lui paraissait plus légère que celle qu’il chargeait auparavant. Découragé, il ne savait plus que faire. Mais ouf ! enfin, une croix lui sembla plus légère :
- Je crois bien qu’avec celle-ci, cela pourra aller mieux. Elle pèse bien sûr, mais moins que les autres.
Alors il se tourna vers son Dieu
- Seigneur ! Pourrais-je choisir cette croix pour remplacer celle dont je me suis débarrassé ?
Avec l’accord de son Dieu, notre homme quitta le champ des croix chargeant la dernière qu’il avait choisie. Il cheminait moins courbé qu’auparavant, caressait même sa croix devenue compagne de voyage. Il était finalement un homme heureux. Ce qu’il ignorait c’est qu’en réalité la croix élue était la même qui pesait auparavant sur ses épaules et qu’il avait sentie écrasante.

Voilà un beau message : Dieu nous connaît fort bien, bien mieux que nous nous connaissons nous- mêmes. C’est un père qui veille sur nos intérêts. S’il t’envoie telle ou telle croix, sois-en sûr, c’est finalement pour ton bien (Rom 8, 28)
La souffrance est une réalité de la vie, Jésus lui-même dans sa Passion l’a d’abord rejetée : "Père si c’est possible, éloigne de moi ce calice", avant de s’incliner dans l’offrande de sa vie donnée : "Non pas ma volonté, mais la tienne, Père."
(Abraham Zavala Starbury : lettre aux malades )

Interpellation

  • Nous arrive-t-il de regimber sous le poids de la croix ?
  • Comment cela colore-t-il notre relation à Dieu ?
  • Choisir sa croix est-ce la solution ?
  • Comment nous positionnons-nous face aux croix qui écrasent nos frères ?
  • Est-ce que le message du pape François aux J M J de Cracovie nous interpelle lorsqu’il invitait les jeunes "à devenir des protagonistes dans le service...en donnant une réponse concrète aux besoins et à la souffrance de l’humanité." ?
    En somme ne les invitait-il pas à travailler à quitter les croix pesantes de tant de nos frères malheureux en refusant une résignation égoïste ?

 

 

B - Une bien étrange comparaison : dialogue entre deux jeunes

Antoine : À quoi comparerais-tu Dieu ? À un rocher ou à un oreiller ?
Daniela : À un rocher bien sûr, car Dieu est fort et sûr. Lorsque je pense à un rocher, je pense à un appui, à un havre de sécurité alors que tout tangue autour de moi dans ce monde agité.
Antoine : Pour moi, Dieu est plutôt un oreiller. Avec lui, je me sens en paix et tranquille. Quand j’arrive à la maison, quel bonheur de se coucher et de reposer ma tête sur un oreiller ! Dieu m’apporte un grand soulagement face aux épreuves de la vie.
Daniela : Mais un oreiller n’a pas de forme précise, et de plus c’est une réalité bien prosaïque alors qu’un rocher, ça a une forme définie et offre une grande stabilité !
Antoine : Un rocher c’est dur et inflexible. Quel genre de compassion peut avoir un rocher ? J’ai besoin de tendresse.
Daniela : Sur quelle force peux-tu compter avec un oreiller ?
Antoine : Une force faite de relaxation et de repos. La force qui dans la vie, nous pousse à nous sentir bien pour avancer.
Daniela : Pardonne-moi, mais un oreiller me semble manquer de consistance pour ressembler à Dieu.
Antoine : Et un rocher beaucoup trop dur et inflexible pour ressembler à un Dieu de miséricorde.
Daniela : Mais Dieu ne pourrait-il pas être à la fois comme un rocher et un oreiller ?
Antoine : Je sais bien ce qu’est un oreiller, il suffit de lire le psaume 62 qui commence ainsi : "Seulement en Dieu je trouve mon repos". C’est seulement après que nous trouvons ce qui suit : "Lui seul est mon rocher, mon salut et ma force".
Daniela : Tu vois bien, je l’ai toujours pressenti :

Dieu est à la fois mon rocher et mon oreiller

(Biblia de los jovenes : Bible des jeunes p. 966)

Interpellation

  • Quelle image je me fais de Dieu ?
        - celle d’un bon papa un peu mollasson qui conforte mon égoïsme ?
        - celle du crucifix janséniste aux bras étriqués et à la miséricorde parcimonieuse ?
  • En quoi les représentations d’ Antoine et de Daniela peuvent-elles avoir un lien avec le symbole chrétien de la croix ?

C - Comment la croix du Christ peut-elle devenir glorieuse dans notre vie ?

Quelques messages qui peuvent nous éclairer :

  • Celui du pape François aux jeunes de Cracovie : "Ne confondez pas le bonheur avec un canapé" (c’est l’oreiller de l’histoire). Il y a beaucoup mieux à faire pour être heureux en rendant les autres par exemple moins malheureux.
  • Celui de la petite Bernadette de Lourdes qui en faisant un lent et beau signe de croix voulait signifier que dans la vie il est important de prendre du temps pour bien faire les choses pour Dieu.
  • Celui de Gandhi nous rappelant même s’il n’était pas un chrétien confirmé, ce message d’espérance : "L’échec est l’expérience qui précède le triomphe".
  • Celui de Sainte Thérèse de Lisieux parlant des petites croix du quotidien : "Si vous portez de bon cœur la croix, elle-même vous portera".
  • Celui de la poétesse Marie Noël évoquant la fécondité de la souffrance : "Toutes les épines que le Seigneur m’a données, à la longue ont fleuri".
  • Celui de Marthe Robin confessant : "Prendre sa croix ce n’est pas mettre des boulets à ses pieds, mais des ailes à son coeur".
  • Enfin celui des lointains Indiens d’Amérique latine qui fêtent chaque année de manière originale et très sympathique la croix glorieuse (fêtée là-bas en mai). On élève partout dans les jardins des maisons, dans les places, aux croisements des routes, sur le parvis des églises, des croix en bois qu’on orne avec des guirlandes multicolores, et des offrandes variées de fleurs et de fruits.

La croix est glorieuse, car elle est féconde. La vie a triomphé de la mort,
les épines ont fleuri, elles s’abreuvent à la source jaillissante de l’amour.

Bonne lecture !

Petite soeur Marie-Christine (Azet)


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