Sacrement de la confirmation, à Saint-Lary, le samedi 21 octobre 2017 Cliquer sur les vignettes pour voir les photos. On pourra refermer les photos en recliquant n'importe où...

 

 

 

Homélie de Mgr Nicolas Brouwet

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Les pharisiens voulaient piéger le Seigneur au sujet de l'impôt à verser à l'occupant romain.
     - soit Jésus dit qu'il faut payer l'impôt et cela signifie qu'il n'est pas un bon juif.
     - soit Jésus dit qu'il ne faut pas payer l'impôt et cela en fait publiquement un hors-la-loi qui désobéit à l'autorité en place.

Et Jésus ne tombe pas dans le piège tendu. Il renvoie les pharisiens à leur discernement: qu'est-ce qui est à Dieu ? Qu'est-ce qui est à César ? Ce n'est pas moi, le Fils de Dieu, qui doit résoudre les questions d'impôts. C'est la tâche de ceux qui gouvernent.
Et cela nous procure deux petites leçons pour ce jour de votre confirmation.

 

 

1. Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
     - Dans notre vie chrétienne, la foi est partout présente et elle illumine toute notre existence.
     - Mais cela ne veut pas dire qu'elle offre une solution à toutes les questions, à tous les problèmes. Elle ne résout pas tout dans notre vie, loin de là.
Dans notre existence personnelle, il ya ce qui est de notre responsabilité d'hommes, que la foi peut éclairer, inspirer bien sûr, mais sans vouloir tout résoudre.

Voilà quelques exemples pour aujourd'hui :

A. Si tu n'as pas travaillé ton examen ou ton concours, le véritable acte de foi n'est pas du tout d'aller à l'église allumer un cierge pour avoir une bonne note.
L'acte de foi, c'est de réviser, de travailler, de faire ta part personnelle ; puis ensuite d'aller prier le Seigneur pour demander l'Esprit Saint pour toi et pour le prof. Tu auras fait ta part (ce qui appartient à César en quelque sorte), et tu auras invoqué le Seigneur (ce qui revient à Dieu).

B. De même que c'est extrêmement important de prier pour une personne malade et de demander sa guérison au Seigneur.
Mais dans un traitement médical, il y a aussi la part des médecins, du progrès scientifique.

Il y a donc la part de Dieu et la part de l'homme même si Dieu peut inspirer l'homme dans sa recherche, dans sa conscience, dans l'exercice de son métier. Dieu peut inspirer le médecin. Mais Dieu n'est pas un médecin qui guérit nos maladies directement.
Il y a ce qui revient à César, à nous-mêmes ; il y a ce qui revient à Dieu. Ce n'est pas la même chose.

C. Un dernier exemple :
Quand on reçoit le sacrement de mariage, Dieu s'engage avec le mari et la femme ; il est présent dans le couple.
Mais quand il y a une incompréhension dans un couple, ce n'est pas le sacrement qui va tout résoudre automatiquement.

Il faut aussi que les conjoints se parlent, s'écoutent, se demandent pardon, travaillent sur eux-mêmes.
Il faut qu'ils fassent leur part, soutenus par le sacrement du mariage ; mais la grâce de Dieu n'agit pas comme par magie, sans la collaboration de l'homme.

Voilà comment il est important de rendre à César ce qui est de César.

Mais qu'est-ce qui appartient à Dieu dans nos vies ? Qu'est-ce qui est de Dieu ?
Tout ce qu'on va lui consacrer, soumettre à sa conduite, dans la lumière de l'Esprit Saint.

Les dons de l'Esprit Saint que vous allez recevoir nous apprennent cela: il nous apprenne à rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

     - Dans vos lettres, vous avez beaucoup parlé de votre futur métier. Certains voudront cultiver la terre, élever des troupeaux, faire de la recherche médicale, soigner des malades, des personnes âgées, s'occuper d'enfants. Le don de crainte nous aide à toujours reconnaître que la vie humaine est sacrée, que la création, que la nature est un don de Dieu dont on ne peut pas s'emparer comme si on en était le maître absolu. Le don de crainte nous rappelle que Dieu est notre créateur, que la vie est un don. Et que nous avons à cultiver un grand respect pour la création en général et chaque vie humaine en particulier.

     - Vous êtes à un âge où l'on fait des choix pour la vie: choix d'études, de métier, de style de vie: mariage, famille, vie consacrée... Le don de connaissance nous fait comprendre comment Dieu nous a créés, chacun de façon unique, pour une mission particulière. Ce don nous aide à nous connaître nous-mêmes dans le regard de Dieu. Et c'est dans ce regard qu'un confirmé prend les décisions au sujet de son avenir.

     - Le don de conseil nous aide à prendre des décisions du quotidien dans la lumière de Dieu. Il n'est pas du tout ridicule de s'arrêter, quand on a des choix à faire, pour dire au Seigneur: dans quelle direction dois-je aller ?

• Est-ce que je dois aller passer mon samedi après-midi avec mes amis alors que je n'ai pratiquement pas vu mes parents de la semaine et qu'ils m'ont tendu une perche pour faire une activité ensemble ?
• Est-ce que je dois tenter de réconcilier ces deux personnes qui se sont disputées devant moi ? Est-ce que cela va les aider ou est-ce que la situation va empirer ?
• Est-ce que cette relation avec cette fille est saine, claire, honnête ; est-ce que c'est un amour véritable qui cherche son bien à elle ou est-ce que tout tourne autour de moi pour mon confort et mon seul plaisir ?
• Est-ce que je dois arrêter le rugby que j'avais commencé pour me consacrer à autre chose...
• Un confirmé est comme tous les hommes : il se pose plein de questions tout au long de sa journée. Mais tous ces choix il les fait dans la lumière du Saint Esprit, en lui demandant sa lumière, sa clarté ; pour vivre l'Évangile dans les petites choses du quotidien.

On pourrait en dire autant du don de piété, de force, d'intelligence, de sagesse. Dieu nous inspire, il nous assiste, il nous éclaire, il nous fortifie. Il nous fait voir comment vivre avec le Seigneur tout en prenant nos responsabilités.

 

 

2. L'Évangile nous dit une autre chose importante:
     - Les pharisiens ont tendu un piège à Jésus. Ils se sont arrangés pour présenter la réalité de telle sorte que, quoi qu'il dise, ce serait une impasse.
     - Jésus ne se laisse pas prendre par ce piège, par cette manière de poser le problème. Il les renvoie à leur propre réflexion: qu'est-ce qui est de l'homme ? Qu'est-ce qui est de Dieu ?

À l'heure actuelle, c'est ce genre de questions qu'on nous pose à nous chrétiens:
     - Si tu es pour Dieu, tu es contre l'homme, sa liberté, ses droits, son autonomie.
     - Si tu es pour l'homme, tu dois oublier Dieu, sa liberté, ses droits, son existence.

C'est un faux débat. Si on est un vrai chrétien, on croit en Dieu et on croit en l'homme.
La foi en Dieu ne diminue pas la grandeur de l'homme. Elle ne diminue pas notre liberté, notre champ d'action et la responsabilité que nous avons vis-à-vis des autres, dans la construction du monde, dans la protection de la créature.

Ne vous laissez pas enfermer dans de faux débats ! Respecter ce qui est à César n'enlève rien à Dieu. Respecter ce qui est à Dieu n'enlève rien à l'homme.
N'ayez pas peur d'affirmer que vous croyez en Dieu, que vous l'aimez, que vous le priez et que cela ne vous diminue pas.
Mais ayez le courage d'être des hommes et des femmes solides, compétents, professionnels, à qui on peut se fier, dont on a envie de devenir amis.
Soyez pleinement dans votre humanité !
C'est le plus beau témoignage que vous rendrez sur Dieu !