Conférence à Arreau, le vendredi 18 mai 2018,
QUESTIONS DE BIOÉTHIQUE
par Christian Saint Martin

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Petit résumé de la conférence

Qu'est-ce que l'homme? L’homme s’est depuis longtemps posé la question de savoir qui il est. C’est peut-être un élément de réponse : l’homme est cet être qui se pose des questions et des questions sur lui-même. Socrate au IVe siècle av. J.-C. lançait cette question à chaque homme comme une interrogation à reprendre sans cesse : Connais-toi toi-même. Cette question est toujours d’actualité, plus que jamais dirions-nous, parce que nous ne savons plus bien ce qu’est un homme.

Droits de l’homme d’une part, crime contre l’humanité d’autre part : ces catégories sont ainsi devenues les deux pôles de notre époque moderne.

Voilà pour l’endroit de la médaille, ce qui ressource notre bonne conscience, ce qui entretient notre optimisme devant l’histoire. Le revers de la médaille est plus inquiétant. Dans notre dos, pendant que nous argumentons et moralisons ainsi, des questions capitales sont posées, que nous préférons ne pas trop écouter, et que nous voulons bien poser ici. Qu’est-ce qu’un homme, au juste ? Que signifie le concept d’humanité ?

Il n’y a pas un seul de ces nouveaux débats qui ne se ramène à cette question principale et ne fasse lever la même obscure inquiétude. La génétique ne nous ramène-t-elle pas, de fait, à une communauté indifférenciée entre l’homme et l’animal ? Les sciences cognitives ne nous suggèrent-elles pas l’hypothèse du cerveau-ordinateur ou d’une possible intelligence artificielle, c’est-à-dire d’une proximité avérée entre l’homme et la machine ?

Nous sommes en train de vivre trois révolutions/mutations simultanées, dont les effets s’ajoutent et se conjuguent. D’abord bien sûr, la révolution économique globale. La deuxième révolution est informatique, ou numérique. La troisième révolution, génétique celle-là, s’inscrit évidemment dans la logique des deux précédentes et obéit à leur impulsion.

Il est important de savoir ce qui, en l’humain compte – ou encore ce qu’est un humain. La conception de la personne qui est au cœur de notre culture doit beaucoup à l’héritage des Grecs et des Romains. Mais c’est surtout à la tradition judéo-chrétienne que nous devons le sens de la personne qui est le nôtre.

La dignité de la personne ne peut être inaliénable que si elle est sans définition. Elle émane d’un mystère. L’être humain est digne parce que mystérieux. Si l’on pense que la science suffit à dire l’humain, alors l’humain ne sera pas respecté. La modernité réduit la pensée à des neurones, le corps à la chimie, mais nous voulons une dignité inaliénable, inconditionnelle. Les deux sont incompatibles.

La personne nous garde des abus de la science qui voudrait la réduire à un amas de cellules, une matière inerte qui pourrait faire l’objet d’expériences indéfinies. À la différence d’autres cultures, elle assure à chacun son caractère unique et donc sa capacité de développer sa liberté, et d’en user au service du bien commun.

Christian Saint Martin