UN CURÉ CURIEUX, UN GAMIN MALICIEUX, UNE COMMÈRE MÉCHANTE

La bonne femme garde la paire dans un pré bordant la route. Ses mains tricotent pendant que de temps en temps ses yeux cherchent un passant ou une passante avec qui on pourra tailler une bavette.

Près d’elle, un garçonnet tenant par une corde une chèvre à qui la haie offre une maigre pâture.

Tout d’un coup, ce tableau s’enrichit d’une silhouette de curé venu à l’improviste.

- Pardon, madame, je ne suis pas du pays, je suis venu pour une cure d’air et je suis ravi de tout ce que je vois. Je parie, madame, que vous êtes de ce village qui se dresse devant nous. Qu’il est beau ce clocher qui nous montre le ciel ! Dites, madame, avez-vous au moins un prêtre qui partage vos joies et vos peines et vous soutient dans vos durs labeurs ?

- Oui, oui, nous en avons un, mais ce n’est pas ça. Imaginez- vous qu’il ne sonne plus les vêpres le dimanche.

- Et vous iriez volontiers aux vêpres ?

- Mais tout le monde s’y rendrait.

À ce moment, le garçon qui écoutait, ému. le dialogue, sent sa patience l’abandonner et s’écrie :

- Oh! monsieur le curé, ne l’écoutez pas, c’est une menteuse: elle ne va jamais à la Messe ni fait ses Pâques, ainsi que son mari et sa, fille, et elle veut faire croire qu’elle regrette les vêpres ! Histoire de dénigrer le curé qu’elle n’aime pas.

Cette phrase n’est pas tout à fait terminée qu’une brutale paire de gifles lui fait perdre l’équilibre.

- C’est toi qui es le menteur, maudit vaurien, espèce de s... Tu ne l’as pas volée la correction.

Le pauvre garçon se relève et cherche en vain une pierre pour la jeter à la face de la chipie.

Le curé s’enfuit désespéré, se disant : « Qui aurait cru que d’un verre d’eau allait sortir une pareille tempête ? Pauvre petit qui a si lamentablement payé la facture de ma curiosité ! »

Et c’est ainsi que parfois on fait des chroniques, comme la précédente, très exactes du mouvement paroissial.