AU BON COIN DES PARABOLES ET DES HISTOIRES
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Thème n° 8
Objectif : "devenir miséricordieux comme le Père"
Le chevalier au barisel (fabliau du Moyen-âge)
C’était un chevalier qui avait bataillé dans tous les coins et recoins du royaume. Un jour, dans une escarmouche, un trait d’arbalète traversa sa cuirasse et faillit mettre fin, séance tenante, à ses jours et à ses exploits guerriers.
En un éclair, il entrevit le paradis, mais, bien lointain et tout à fait hors de portée. Et l’enfer à la gueule brûlante toute proche, prête à l’engloutir. Car il avait oublié depuis longtemps ses promesses de chevalier et s’était peu à peu transformé en un soudard impénitent, tuant allégrement son prochain, pillant à l’occasion et violant pour faire bonne mesure. Rempli d’un effroi salutaire, il jette là heaume, épée et gantelet de fer et se dirige vers l’ermitage d’un moine réputé pour sa sainteté, tout au fond de la forêt.
- Mon Père, je voudrais recevoir le pardon de mes fautes, car j’ai grand-peur pour le
salut de mon âme ! Je ferai la pénitence que vous m’indiquerez, aucune ne me fait peur.
- Eh bien, mon fils, répond l’ermite, allez simplement me remplir d’eau ce barisel, ce petit baril et rapportez-le-moi.
- Vous vous moquez ! C’est une pénitence d’enfant ! gronde le chevalier qui lève un poing menaçant pour frapper le moine. Mais la vision de l’enfer lui revient en mémoire, aussi tout en grommelant prend-il le baril sous son bras et se dirige-t-il vers la rivière toute proche. Stupéfaction ! Le barisel plongé dans le courant refuse de se remplir. Furibond, il gravit en courant la colline et se précipite vers le puits du village. Peine perdue !
Un an plus tard, le vieux moine voit arriver à la porte de son ermitage, un pauvre hère en haillons, un baril vide dans ses bras.
- Mon Père dit le chevalier d’une voix douloureuse, j’ai couru tous les fleuves et toutes les sources du pays, je n’ai pu remplir votre barisel. Me voilà damné pour toujours. Ah ! mes pauvres péchés, mes lourds péchés que j’ai commis, je les regrette !
Et des pleurs coulent de ses yeux, sur son visage creusé. Mais voici qu’une larme tombe dans le barisel. O miracle ! D’un seul coup, celui-ci se remplit à ras bord et même déborde.
Une seule larme de repentir et tout change ...
Pluie d’interrogations
- Qu’est-ce qui motive la démarche du chevalier en s’approchant du moine ? D’autres motivations seraient-elles souhaitables ?
- De quoi était plein le baril du chevalier empêchant qu’il puisse se remplir du précieux breuvage ?
- Que penser de la pénitence donnée par le religieux ?
- Comment juger le comportement du chevalier dans sa tentative d’exécuter la pénitence infligée ?
- On a dit que les grands saints avaient un cœur "liquide". Qu’est-ce que cela implique de devenir miséricordieux comme le Père ?
- Sans commettre les graves péchés du chevalier, nous arrive-t-il de déplorer d’avoir un cœur dur ce qui nous empêche de vivre une démarche authentique de miséricorde envers nos frères en roulant la pierre de nos tombeaux ?
Illumination biblique :
- Mt 27, 3-10 / Mt 3, 1-12 / Gn4, 5-11 / 2R5, 1-14 / Ps 32(31) / Ps 103(102)
Bonne lecture !
Petite soeur Marie-Christine (Azet)
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