Portail et tympan :

      Situation :
   Sur façade occidentale ou portail méridional, parfois sur les deux mais exécutés à des périodes différentes par des artistes différents, commandités par différents donneurs d’ordres.
   C’est un lieu de passage entre le monde profane et l’espace sacré. Il fait pénétrer le fidèle dans la maison du Seigneur, le conduit sur la voie du Salut faisant écho à l’Evangile de Jean : « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ».
   Le décor sculpté du portail donne à voir les enseignements de la Bible, les exemples des saints, les dogmes de la religion et les vérités de la loi. Son exécution est particulièrement soignée obéissant à un effort pédagogique des images représentées qui remplacent les livres pour ceux –l’immense majorité des hommes et des femmes- qui ne savent pas lire. Cette dernière raconte l’histoire sainte, met en scène le Christ et les saints, distingue le Bien du Mal, sépare les élus des damnés, montre le chemin du Salut, aide à mieux comprendre les dangers du monde.
   Devant ou sous le portail s’y déroulaient des rituels, lectures, chants, sermons. Ce qu’il se dit ou ce fait, à tel ou tel moment du calendrier liturgique, devant telle ou telle scène sculptée, aide à identifier celle-ci, à l’expliquer, à la commenter.
   Inversement, la représentation d'une scène ou d’un épisode biblique peut aider à comprendre pourquoi telle lecture ou telle cérémonie se fait en cet endroit. Et c est à ce même endroit, à l’entrée de l église, devant la représentation de l’Enfer et des damnés, que se dérouleront, jusqu'à l’époque moderne, les cérémonies pénitentielles collectives.
   Rites et images sont intimement liés. Images abondantes sur tympans et chapiteaux, sculpture du péché toujours représenté, de démons, monstres, bourreaux, attendant les damnés dans l’éternité de l’au-delà. Aussi, par opposition, des images qui montrent la miséricorde de Dieu et l’intercession fructueuse des anges et des saints, plus tard de la Vierge.
   D’où lutte du Bien et du Mal et qui invite toujours à se convertir, à renoncer au péché et à se tourner vers Dieu. Cette iconographie mettant en exergue le Bien et le Mal invite à renoncer au péché et à se convertir agrée la réforme « grégorienne » attachée au pape Grégoire VII.
   En France, son empreinte est surtout forte et précoce dans les églises du Sud et du Centre (notamment les églises monastiques).
   Les grands tympans romans sont tous, de près ou de loin, liés à cette réforme.
Dans nos vallées les, tympans sont plus humbles, réalisés avec des moyens réduits, manque de moyens, surfaces réduites.

      Matériaux :
   Pour les chantiers locaux, il est rare que l’on fasse venir la pierre de loin ; on s approvisionne le plus souvent clans les carrières locales. D’où cette grande variété que proposent l’architecture et la sculpture romanes : pierres dures comme le granit, le marbre ou le basalte ; pierres plus tenaces comme le grès ou le calcaire.
   Quand la région ne possède pas de carrière, il n'est pas rare, du moins pour les petits édifices, que l'on ait recours à la brique de terre cuite, aux cailloux des rivières, aux roches des torrents.
   Chaque pierre se définit par son aspect et sa couleur, par sa dureté et la finesse de son grain, par son aptitude à être travaillée, assemblée, polie, mise en valeur. Il est possible étalement qu'une certaine symbolique ait joué un rôle. Les encyclopédies des XII° et XIII° siècles dissertent en effet longuement sur la symbolique des pierres. Pour certains auteurs, les pierres sont des êtres vivants, possédant des «propriétés» qu'il convient de connaître. Le marbre est masculin; le calcaire est féminin; le grès est faible et trompeur; le basalte, plus ou moins infernal. A côté des problèmes tech- niques, des questions de coûts et de disponibilité, ces considérations symboliques ont sans doute, elles aussi, eu des répercussions sur le choix de telle pierre plutôt que telle autre pour tailler telle figure, telle scène, tel programme.
   Rares sont les tympans taillés dans une seule dalle de pierre. Cela ne concerne que les petites églises. Ailleurs, l’ensemble du tympan est constitué de plusieurs blocs de pierre, lesquels sont toujours sculptés avant la pose. D’ou temps de réalisation très long, demandant une organisation parfaite.
   Le grain de la pierre doit en être t soigneusement travaillé, non pas tant pour jouer avec la lumière, mais pour recevoir les différentes couches de couleur dont toute la sculpture est peinte. A l époque romane, ce qui donne vie aux figures produites par le sculpteur, ce n'est pas tant la lumière que la couleur. Toute la sculpture en effet est peinte - une bonne partie de l architecture étalement - et c'est souvent le peintre qui assure les finitions, donne leur expression aux visâtes, souligne les gestes et les mouvements, décore et précise les vêtements. Son intervention est essentielle. Au reste, différentes mentions comptables au XIII° siècle nous font comprendre que, pour ce qui concerne la sculpture médiévale clans son ensemble, le travail du peintre est toujours mieux payé que celui du sculpteur.
Portail de l'église d'ENS
Portail de l'église St Exupère d'Arreau
Retour