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La pucelle d’Orléans et ses amitiés pyrénéennes
Jeanne d’Arc (1412-1431)
Vous êtes-vous demandé parfois pourquoi les statues de Jeanne d’Arc sont si fréquentes en particulier en vallée d’Aure et en vallée du Louron ? Il n’est ici ni église ni chapelle de petit village sans la présence de l’illustre guerrière.
Ne laissons pas à certaines formations politiques partisanes le soin de la choisir comme glorieuse égérie.
Pourquoi est-elle si populaire en vallée d’Aure ?
Nous trouvons dans un ouvrage de Jean Etcheto, journaliste et conteur pyrénéen, de quoi satisfaire notre curiosité à ce sujet.
Texte de Jean Etcheto de son ouvrage « 10ans avant »
Lourdes ! apparitions et miracles à Montoussé-Nouilhan
« Des gentilshommes pyrénéens se mirent aux ordres de Jeanne à telle enseigne qu’on la surnomma l’Armagnacaise. Jean d’Aulon, Bernard de Comminges, Poton de Xantrailles, Hector de Galard, Étienne de Vignoles étaient aux côtés de Jeanne au sacre de Charles VII le 17 juillet 1429 à la cathédrale de Reims. De retour au pays, ils ont perpétué le souvenir de la vaillante guerrière. Créant une imagerie locale favorable à la femme, suscitant le respect. Pourquoi pas parler de véritable engouement, tant la plupart des femmes se reconnaissaient dans cette bergère parvenue à se montrer l’égale des plus grands capitaines par la grâce de Dieu. Bien avant l’avènement du christianisme, en ces lieux, les hadas (les fées) apparaissaient dans les grottes… plus tard la Vierge Marie deviendra la dame de la Vallée de la Neste où se sont multipliés les sanctuaires à sa gloire. Parce qu’elle avait choisi pour compagnons des garçons du pays, Jeanne d’Arc fut à la fois perçue comme la sœur et la fille de Marie. »
Le chevalier d’Aulon, Jean d’Aulon l’a donc bien connu et sut courageusement témoigner en sa faveur lors du procès de réhabilitation. À peine une vingtaine d’années après qu’au nom de la Ste église , par ordre de son évêque Cauchon, elle ait été brûlée vive comme sorcière (elle avait à peine 19ans) voilà que la même église dans un élan d’humilité, reconnaît ses erreurs. Ce sera le procès de réhabilitation ouvert par le pape Calixte III ou seront collectés les témoignages de ceux qui l’avaient connue de près comme le sieur Jean d’Aulon.
Texte : Témoignage de Jean d’Aulon intendant de Jane 20 mai 1456.
« Jeanne d’Arc bonne chrétienne »
Relaté par Régine Pernoud dans « Vie et Mort de Jeanne d’Arc ». Les témoignages du procès de réhabilitation 1450-1456. Hachette 1953.
« Par l’espace d’un an entier, par le commandement du Roi notre seigneur, je demeurai en la compagnie de la Pucelle, et pendant ce temps je n’ai vu ni connu en elle chose qui ne doive être en une bonne chrétienne ; je l’ai toujours vue de très bonne vie et honnête conversation en tous et chacun de ses faits.
J’ai connu cette Pucelle être très dévote créature ; très dévotement se maintenait en assistant au divin service de Notre-Seigneur, que continuellement elle voulait ouïr, c’est à savoir aux jours solennels la Grand-Messe du lieu où elle était, avec les heures (de l’office) subséquentes, et autres jours une basse Messe ; elle était accoutumée de tous les jours ouïr Messe, s’il lui était possible.
Plusieurs fois j’ai vu et su qu’elle se confessait et recevait Notre-Seigneur et faisait tout ce qu’à bon chrétien et chrétienne appartient de faire, et sans que jamais, pendant que j’ai demeuré avec elle, je l’aie ouïe jurer, blasphémer, parjurer le nom de Notre-Seigneur ou de ses Saints, pour quelque cause ou occasion que ce fût.
Bien qu’elle fût jeune fille, belle et bien formée... toutefois jamais pour quelque vue ou attouchement que j’eus vers la Pucelle, ne s’émut mon corps à nul charnel désir envers elle, ni pareillement ne faisait nul autre quelconque de ses gens et écuyers, ainsi que je leur ai ouï-dire et relater plusieurs fois. »
Quel beau panégyrique ! Jeanne mourut sur le bûcher comme une sainte invoquant dans son dernier souffle son grand amour, Jésus, elle qui avait inscrit sur son étendard ce nom avec les noms de Marie et de Joseph.
Mais elle les avait inscrits auparavant dans son cœur. Jeanne, une insoumise authentique au destin si particulier, faisant front, avec son bon sens de paysanne aux inquisiteurs de son temps brandissant avec assurance, d’être dans la grâce de Dieu : « Si je n’y suis pas, Dieu m’y veuille mettre et si j’y suis , m’y veuille tenir » (procès de condamnation).
Elle peut d’autant plus revendiquer ce privilège que sa ligne de conduite a toujours été : « Notre Seigneur, premier servi »
On peut la déclarer martyre, et martyre de « l’insoumission » comme l’appelle l’histoirien Georges Duby. Elle fut victime des autorités ecclésiastiques de l’inquisition qui l’avaient rejetée de l’Église décrétant qu’elle en était « Un membre pourri et qu’on ne devait pas la laisser infecter tout le corps » [Sentences des 24 et 30 mai 1431] condamnée pour être « hérétique… schismatique, idolâtre, invocatrice des diables »
« Va fille de Dieu
Va, hardiment »
(formulation associée à la figure de Jeanne d’Arc et reprise comme message mobilisateur dans certains mouvements scouts français des décades antérieures)
C’est là une injonction qui ne manque pas de grandeur sur les hauteurs des sommets pyrénéens !
Sœur Marie-Christine Lacroix (Azet)
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