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14-12-2018

Veillée de Noël - texte de Jean-Paul Sartre

Jean-Paul Sartre composa pour ses compagnons de captivité ce texte qui fut joué dans un stalag, au cours d'une veillée de Noël :

«  Aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule, un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui rit. Et c’est dans un de ces moments-là que je peindrais Marie si j’étais peintre. Et j'essaierais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet Enfant-Dieu, dont elle sent, sur ses genoux, le poids tiède et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et la Vierge Marie. Et Joseph ? Joseph, je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu'une ombre au fond de la grange, et deux yeux brillants. Car je ne sais que dire de Joseph, et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer et il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre, car il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Car Dieu a éclaté comme une bombe dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera pour apprendre à accepter. »


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