I
Salut Grézian, qu’un soleil d’or inonde
De ses reflets les plus doux les plus beaux
Frôlant tes pieds la Neste active gronde
Voulant te faire un concert de ses flots

                         II
Au chant des flots mêlant leur suave arôme
Se déployant tel un rempart de fleurs,
Ces frais vergers que tout le monde nomme
Gentils et beaux t’enivrent de senteurs.

                         III
Et ces chalets montant leur belle garde
Se dressant fiers, je les vois souriant
Vers eux j’avance et chacun me regarde :
Passez, passez : c’est notre beau Grézian.

                         IV
J’apprends, Grézian, que ton église antique
Dort sous le sol son lugubre sommeil.
Comme il voudrait mon désir nostalgique
La réparer et la rendre au soleil !

                         V
Mais on me dit : l'église ensevelie ?
Dites pour elle un bon De Profundis.
Nous en avons une autre plus jolie
Où priaient Dieu les seigneurs de jadis.

                         VI
Plus haut je vois la trace des carrières
Où l’artisan au service de l’art,
Pour les palais et pour les cimetières
Taillant les blocs, faisait la belle part.

                         VII
Je cherche aussi mais vainement les traces
De six moulins égrenant leur tic-tac
Grand rendez-vous de commères loquaces
Qui de cancans remplissaient plein le sac.

                         VIII
Plus de carrière, un grand écho me crie,
Ni de moulins : c’est le règne du bois
Salut, Baqué, dont la belle scierie
A remplacé le trafic d’autrefois.

                         IX
Les trafiquants, cherchant la marchandise
Voyez, voyez affluer vers Grézian
Bacqué leur dit avec sa forme exquise :
Du bois, amis, vous aurez en payant,

                         X
Une autre gloire à tous faisant envie
C’est Saladon, maître des grands troupeaux :
Comme éleveur, mais c’est un vrai génie !
En foire on dit : ses moutons sont si beaux.